L’élection inattendue de Donald Trump à la présidence des Etats Unis est l’échec d’un système : celui d’un modèle dans lequel les élites politiques, économiques et médiatiques sont incapables d’interpréter les évolutions de la société qu’elles sont sensées représenter.
En France, les mêmes mécanismes qui ont porté Trump au pouvoir sont également à l’œuvre. Ils se sont même renforcés depuis le traumatisme du 21 avril 2002.
De plus en plus de citoyens ont le sentiment de ne pas être représentés, sentiment conforté par l’abandon d’une dose de proportionnelle aux élections.
Les dernières lois de décentralisation ont encore plus éloigné les habitants des centres de décision : affaiblissement des communes au profit d’intercommunalités géantes, régions agrandies, état lointain. Plus la démocratie s’éloigne du terrain, plus elle devient complexe et incompréhensible.
La démocratie s’est rigidifiée : durcissement de l’accès au financement des partis politiques, refus du vote des immigrés aux élections locales, nouvelles barrières pour se présenter à l’élection présidentielle, etc…
Les médias, parisiens, sont plus que jamais soumis aux pressions de plus en plus fortes de leurs actionnaires : sept milliardaires possèdent 95% des médias français. Comment croire à une info indépendante ? Mais ce n’est pas tout, on abandonne le principe d’égalité de temps d’antenne entre les candidats à la présidentielle. Le matraquage télévisuel de ces dernières semaines est parlant : pas moins de trois débats télévisés pour la primaire de la droite, alors que les candidats disent à peu près tous la même chose ! TF1 qui dézingue Hollande tous les soirs via Cantelou, etc…
La diversité des aspirations culturelles et politiques de la République est niée.
La société française est en crise : une crise institutionnelle et culturelle. Il est pourtant encore temps pour nos élites de faire enfin confiance à leurs territoires pour éviter le cataclysme qui s’annonce en 2017.
Uc Jourde