Les conséquences des températures anormalement basses pour un début avril, en particulier durant les nuits entre les 6 et 8 avril, sont particulièrement lourdes pour l’agriculture. Mais elles se révèlent dramatiques pour l’arboriculture et la viticulture dans bien des régions occitanes.
Les pertes sont lourdes, effrayantes parfois. Pour ne prendre que l’exemple de ces 2 départements, les chiffres de la Drôme et l’Ardèche sont sidérants : 70% de pertes pour l’arboriculture drômoise, 80% pour l’arboriculture ardéchoise ; abricots, pèches, mais aussi cerises, pommes, poires, prunes, … toutes les productions enregistrent des pertes de 80 à 90 % … La viticulture n’a pas été épargnée, les premières estimations donnant des pertes de chiffre d’affaires d’au moins 125 millions d’euros dans les vignobles drômois et ardéchois.
Devant une telle situation, le Partit Occitan tient à exprimer sa totale solidarité avec l’ensemble des femmes et des hommes de ces filières. Car c’est tout un écosystème qui est frappé : producteurs, intermédiaires, salariés, saisonniers, …
Dans nos régions occitanes, les agricultrices et les agriculteurs sont bien plus que les actrices et acteurs engagés de ces secteurs d’activités dynamiques et innovants. Leur rôle est essentiel dans la vie économique, sociale, culturelle et tout simplement humaine de nos territoires. Durant des décennies ils furent les derniers gardiens de ces trésors que sont notre Langue Occitane et de notre culture en les gardant vivaces dans leur quotidien et en faisant raisonner la musique de notre langue dans nos villes et nos campagnes.
Nous devons être à leurs côtés dans cette nouvelle épreuve.
Le gouvernement parisien a certes promis 1 milliard d’euros. En réalité, il n’a rien fait d’autre que de pallier, avec de l’argent public, les carences des assureurs. Malgré les bénéfices à 2 chiffres des assureurs français (respectivement 11, 14 et 13 milliards d’Euros en 2017, 2018 et 2019) nos agriculteurs sont dans l’impossibilité de s’assurer correctement face aux aléas climatiques sans cesse plus nombreux : soit la couverture est insuffisante, soit le coût des polices d’assurance est tellement élevé que certains préfèrent courir le risque de tout perdre.
Il est temps d’agir en profondeur car le dérèglement climatique rendra de tels évènements météorologiques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Ne nous leurrons pas, c’est bel et bien à une manifestation du dérèglement climatique que nous avons assisté. Car si les gelées ne sont pas une nouveauté, l’ampleur des dégâts sur les cultures est imputable au fait que ces nuits glaciales ont succédé à des journées anormalement chaudes pour un mois de mars. Ainsi, avec le réchauffement climatique, les bourgeons éclosent plus tôt alors que les gelées d’avril restent présentes. Plus les hivers seront doux, plus ce phénomène se produira, plus son intensité sera grande, plus les dégâts s’alourdiront.
Alors il faut agir à court, moyen et long terme !
Il faut d’abord aider les femmes et les hommes de ce secteur à se protéger des conséquences de ces phénomènes. L’actuel système d’indemnisation des calamités agricoles et assurances privées n’est pas efficient. Le Partit Occitan ne peut que faire siennes les propositions de bon sens de la Confédération paysanne : faire jouer la solidarité inter et intra filières par la création d’un fonds mutuel et solidaire. « Ce fonds serait doté par une solidarité entre les différentes productions et au sein des filières – interprofessions, fournisseurs d’agroéquipements et d’intrants, transformateurs et grande distribution – parce que la production agricole bénéficie à toute la chaîne alimentaire ! ».
Mais nous devons toutes et tous, consommatrices et consommateurs, agir immédiatement en privilégiant les produits de nos régions, les fruits de saison, les productions de qualité qu’elles soient issues de l’agriculture biologique ou raisonnée, en favorisant les circuits courts générateurs de marge, les achats de proximité réduisant l’empreinte carbone, …
La solidarité collective doit aussi venir en aide aux travailleuses et travailleurs de ces secteurs, salariés permanents ou saisonniers. Leurs pertes de revenu doivent être compensées.
Mais les défis majeurs nécessitent un travail en profondeur et des efforts structurels bien plus grands. Il faut dès à présent prendre la mesure du dérèglement climatique et de ses conséquences. Dans les secteurs agricoles et agroalimentaires cela signifie engager des mutations structurelles profondes et encore plus longues qu’ailleurs. Les sommes à mettre en œuvre pour modifier les sélections variétales, les conduites culturales, la gestion des sols, des ressources en eau, … sont telles que la profession seule ne saurait les supporter.
C’est un immense chantier collectif qu’il est urgent d’initier sans attendre. L’argent des contribuables occitans doit prioritairement être investis dans un tel chantier plutôt que dans ceux, autant pharaoniques et coûteux qu’inutiles pour nos économies régionales, des JO parisiens ou du Grand paris ! Il est plus que temps d’investir pour préparer notre avenir et de cesser de dépenser inutilement nos ressources fiscales dans des éléphants blancs d’une région capitale dispendieuse de ressources prélevées d’autorité sur nos territoires.
L’écologie est d’abord un combat quotidien au plus près des habitantes et des habitants de nos territoires. Le Partit Occitan le mène avec détermination ; c’est par écologie des territoires que nous bâtirons le monde d’après !