17 septembre 2014
Oui
à l’Indépendance de l’Ecosse
et de la Catalogne,
Oui
à l’Autonomie des Régions Occitanes,
Oui
à l’Europe des Régions et des Peuples
Solidaires
L’Europe
n’est pas morte. Elle bouge encore. Nous le voyons tous, elle
bouge et de l’intérieur. D’aucuns la
pensaient sclérosée, en
déconstruction, à deux doigts
d’imploser sous l’effet conjugué des
souverainismes et de l’égoïsme des Etats.
Finalement, le recul historique du budget de l’Union
Européenne et la folle percée des mouvements
eurosceptiques aux dernières élections
européennes n’auront pas eu raison
d’elle! Malgré toutes les difficultés
conjoncturelles et systémiques que l’on connait et
ses nombreuses imperfections, l’Europe fait encore
rêver puisque deux nouveaux Etats devraient rejoindre la
famille des membres de l’Union Européenne. Je veux
parler de l’Ecosse et de la Catalogne. Cette situation
historique d’un élargissement interne
n’est cependant pas une première.
Déjà en 1989 avec la réunification de
l’Allemagne, l’ex RDA devenait, sans aucune
crispation, membre de l’UE.
Ne nous
méprenons pas ! Si l’Ecosse et la Catalogne,
conformément à la charte de l’ONU,
libres de déterminer elles-mêmes leur futur,
décident de s’affranchir respectivement de la
Grande-Bretagne et de l’Espagne le processus entrepris
d’autodétermination s’apparente ici
davantage à un mouvement unioniste qu’à
une volonté séparatiste. Oui ! il faut le dire :
la motivation de l’Ecosse et de la Catalogne n’est
pas de couper les ponts historiques qui les lient avec Londres ou
Madrid. Les instigateurs du référendum en Ecosse
proposent d’ailleurs qu’après la
victoire du « oui », l’Ecosse devienne
une Monarchie Constitutionnelle qui serait alors placée sous
l’autorité de la reine Elisabeth tout comme
l’Australie ou le Canada. Autre exemple, tout citoyen anglais
résidant en Ecosse deviendrait automatiquement citoyen
écossais. Et la monnaie proposée pour
le futur Etat écossais serait la Livre Sterling. Non ! la
finalité du projet écossais et catalan
n’est pas de couper les ponts mais au contraire
d’en construire un nouveau. Un qui les relierait directement
à l’Europe. Car le vrai pouvoir politique
aujourd’hui se situe à Bruxelles entre les mains
des Etats membres de l’Union Européenne.
On le
sait bien, d’un côté les lois
votées dans les pays sont à 90% des
retranscriptions de directives européennes et de
l’autre , les politiques et les crédits
européens sont la conséquence des chefs de
Gouvernement de l’UE réunis au sein du Conseil.
L’Union Européenne en 2014, ce n’est ni
plus ni moins que l’Union des intérêts
particuliers des Etats de l’Europe. Et même le
Parlement Européen, qui est pourtant l’expression
la plus légitime, est représenté par
des eurodéputés élus dans chacun des
Etats de l’UE qui défendent souvent
l’intérêt des Etats dont ils sont
originaires.
C’est
cette Europe accaparée par les Etats qui poussent les
Régions et les Peuples à vouloir se constituer en
Etat souverain. Et si les Régions sont au cœur de
la politique européenne dans la définition des
programmes, à travers le Comité des
Régions elles n’ont au final qu’un
microscopique pouvoir consultatif. Les Etats sont l’Alpha et
l’Oméga de l’Europe et les
Régions en sont les grandes victimes.
C’est
une constante, en période de crise; les Etats ont un
penchant naturel à délaisser leurs
périphéries, à se focaliser sur leur
centre et à s’intéresser
prioritairement à leur capitale. Les
velléités de recentralisation à marche
forcée que l’on déplore dans
l’Hexagone depuis l’ère Sarkozy et qui
se prolongent avec Hollande, se traduisent par la suppression de
l’autonomie fiscale des collectivités, la baisse
des dotations de l’Etat aux Régions et des fusions
arbitraires et incohérentes de régions ; c'est
une tendance générale dans toute
l’Union Européenne. Et la Catalogne et
l’Ecosse, malgré une autonomie
développée, n’ont pas
été épargnées par ce
processus centripète. En Grande-Bretagne par exemple, alors
que les agriculteurs britanniques ont vu leurs dotations
globalement augmentées grâce à la
Politique Agricole Commune, Londres , chargée de ventiler
les crédits, a baissé les subventions en
direction de l’Ecosse. Quand l’enveloppe moyenne de
la PAC pour toute la Grande-Bretagne est 229€ par hectare,
l’Ecosse n’en perçoit que la
moitié.
La
Grande-Bretagne est un frein à
l’épanouissement de l’Ecosse. Le
Parlement Britannique, bien que représentant en
théorie l’ensemble des circonscriptions du Royaume
Uni, se compose à une majorité
écrasante de députés anglais. En
effet, plus de 80% de députés de
Westminster sont Anglais alors que la part de représentants
écossais est inférieure à 10%. Cette
injustice rend les aspirations progressistes écossaises au
sein d’un Royaume Uni conservateur totalement inaudibles et
sans espoir. Le chemin tracé par le Scottish National
Party[i] devient alors la seule alternative au verrou britannique.
Et ce
référendum, qui interpelle et fait grincer des
dents de ce côté-ci de la Manche, se fait
très simplement en Grande-Bretagne; et ce avec
l’aval de Londres et de la Couronne. La France, dit Pays des
Lumières, interdit toute consultation
démocratique sur l’avenir de ses
régions. Pourtant la France a signé et
ratifié en 2007 le Traité Européen sur
l’Autonomie Locale qui précise que «
Pour toute modification des limites territoriales locales, les
collectivités locales concernées doivent
être consultées préalablement,
éventuellement par voie de référendum
là où la loi le permet ». Cela
n’empêche pas qu’en Iparralde[ii], Paris
s’oppose contre la volonté de la
société basque toute entière
rassemblée, à la création
d’une collectivité spécifique du Pays
Basque Nord. Idem pour la réunification de la Bretagne.
L’Occitanie n’est pas non plus en reste. En effet
par exemple, dans le cadre de la fusion des régions voulue
par Manuel Valls, alors que le Conseil Régional
d’Auvergne a voté au début de
l’été un vœu s'opposant au
rattachement de l’Auvergne à la région
Rhône-Alpes, l’Etat avance tête
baissée sans tenir compte du souhait des habitants et de
leurs représentants. La fusion de l’Auvergne avec
Rhône-Alpes semble désormais
inéluctable bien que parfaitement
antidémocratique. Et, quand la République accepte
la tenue de référendum sur l’avenir
institutionnel de ses territoires, les règles du jeu
fixées par l’Etat sont telles qu’aucune
évolution n’est possible ; c'est en effet le
triste sort qui a été
réservé aux Alsaciens en 2013: bien que la
majorité des Alsaciens aient voté "oui"
à 57% pour la fusion des deux départements et la
création d’une région à
statut spécifique, Paris avait fixé de telles
contraintes que seul le "non" pouvait l’emporter[iii]. Cette
crispation jacobine dessert les territoires et leurs habitants qui
savent mieux qu’ailleurs, et notamment
qu’à Paris, ce qui est bon pour eux. La Grande-
Bretagne bien que Monarchie, certes Constitutionnelle, donne
des leçons de démocratie à la France
qui ferait bien de s’inspirer de sa voisine.
Le
projet de société élaboré
par le SNP et ses partenaires du "oui" (les écologistes et
les socialistes écossais), est porteur
d’espérances pour un monde meilleur.
Déjà très à la pointe en
matière énergétique, l'Ecosse planifie
la sortie totale d’ici 2020 du nucléaire civil et
militaire. Si le "oui" l'emporte, Londres sera invitée
à déménager ses sous-marins
nucléaires de l’Ecosse. Autre point positif : la
future Ecosse indépendante sera
débarrassée de toutes les armes de destruction
massive. L’Ecosse ni ne produira, ni n’accueillera
d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques.
Le
projet indépendantiste écossais
représente un vrai progrès pour
l’Europe, la démocratie, le
développement durable, le social et la paix dans le monde.
C’est pour cela que nous disons OUI à
l’Indépendance de l’Ecosse, OUI
à l’autonomie des régions occitanes et
OUI à l’Europe des Régions et des
Peuples Solidaires ! [i] Le SNP
et le POc sont alliés au sein du parti politique
européen ALE (Alliance Libre Européenne)
[ii] Pays Basque Nord en
langue basque
[iii] Il fallait que le
«Oui » recueille au moins 25% des inscrits dans
chacun des deux départements que compte la région
Alsace
Pèire
COSTA - Toulon (83)
Membre
de la Direction Fédérale du Partit Occitan (POc)
Ancien
Assistant Parlementaire Européen (Goupe ALE)
Blog:
http://peirecosta.blogspot.fr/
Citer cet article : http://partitoccitan.org/archivas/article1358.html