« Refondation
de l’école » ou
énième aménagement du
collège ?
A
notre interrogation sur l’état de
l’enseignement des
langues régionales,
un courrier du cabinet de la ministre de l’EN qui se veut
rassurant précise que
« des
éléments des langues
régionales pourront être utilisés dans
le socle de connaissance, de compétence
et de culture, ce que les enseignements pratiques interdisciplinaires
rendent
possibles (EPI). » Et
d’ajouter : « Les langues régionales seront
introduites en
5ème et non plus en 4ème,
permettant d’ajouter 54 h d’enseignement
sur l’ensemble de la scolarité au
collège ».
Considérées comme « enseignement de complément »,
elles
bénéficieront de 1h en 5ème,
2h en 4ème et 3ème.
Ce
bilan passe sous silence la diminution horaire
(3 heures actuelles en 4ème
et 3ème) ; il ne
précise pas si les 54 heures de cet
enseignement feront partie de la dotation globale horaire de
l’établissement ou
seront prélevées sur les horaires de 4ème
et de 3ème. Ce
qui revient à préciser que le
ministère doit prendre en compte une dotation propre
à cet enseignement bien
distincte de la Dotation Horaire Globale, pour les
établissements comme pour la
dotation générale propre aux académies.
Nous
revendiquons aussi un enseignement
« Langue régionale »
facultatif, distinct
des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, qui permette
à l’élève à
la fois le suivi de ces deux niveaux d’enseignement (LR et
EPI).
Le
scandale majeur de la réforme pour les langues
régionales
est bien l'interruption de la continuité primaire-secondaire
avec la disparition
des langues régionales en 6°.
Enfin,
dans ce contexte, nous nous interrogeons sur l'avenir
des classes bilingues Français-Occitan qui sont
créées
depuis quelques années dans le cadre des conventions entre
certaines régions et
les rectorats. Cette pratique de l'enseignement bilingue a
été pleinement
reconnue dans la dernière loi sur l'école, dite
loi de refondation de l'école de
la République (Article 40).
Cet
enseignement n'a de cohérence que s'il y a un suivi au
collège de ce
bilinguisme. Qu'en sera-t-il vraiment ?
Plus
globalement,
cette réforme donne une autonomie
au
chef d’établissement (2°-art.R.421-2)
qui décide in fine, plutôt qu’une
réelle autonomie des équipes
pédagogiques
confrontées aux décisions du conseil
d’établissement.
Elle
prétend réduire les
« déficits de
réussites » mais ne dit rien sur les
classes de plus de
30 élèves (25 légalement). Les moyens
budgétaires sont toujours
d’actualité : avec quels moyens les EPI
vont-ils se réaliser, sinon par un
redéploiement des horaires disciplinaires et à
moyens constants ?
La
démocratie du Conseil Supérieur de
l’Enseignement (CSE)
n’est qu’habillage rhétorique. S’il
représente l’ensemble des syndicats enseignants et
l’administration (le gouvernement), ce ne sont que
l’UNSA (ex-Fen) et le
SGEN-CFDT qui soutiennent cette réforme, avec la
participation anachronique
du Medef considéré comme
syndicat. 80% des représentants des enseignants
s’opposent à cette réforme. Une
fois de plus les personnels sont mis devant le fait accompli par des
« décideurs » qui ne
sont pas sur le terrain.
Le
Partit Occitan soutient donc la grève des enseignants du
19 mai.