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LGV Sud-Ouest : le gouvernement face à la démocratie (MédiaPart)

Plusieurs élu-es et associations s'alarment de l’annonce du gouvernement de poursuivre le projet de Ligne Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse. « La Cour des comptes, elle-même, considère que le système LGV est un modèle qui a été porté au-delà de sa pertinence. Nous ne comprendrions pas l’entêtement du gouvernement à imposer ce projet au-delà de tout respect de la démocratie et de la participation citoyenne. » 


 Le gouvernement Valls vient de valider la LGV Bordeaux Toulouse. Quelque soit par ailleurs notre opinion sur le principe même de Ligne Grande Vitesse nous voudrions faire valoir ici quelques réflexions à soumettre au débat public régional.

La première est que ce choix s’inscrit à l’encontre même des conclusions de la commission chargée de l’exécution de l’enquête publique sur la LGV (ligne à grande vitesse) Bordeaux-Toulouse qui à l’unanimité, émettait en mars dernier un avis défavorable sur le projet de déclaration d’utilité publique des travaux des lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax en précisant qu’il n’y avait pas « l’expression d’un véritable besoin de LGV dans le Sud-Ouest » tant au sein des mouvements écologistes, que des syndicats professionnels et des collectivités locales. Nous ne pouvons que déplorer cette absence de prise en compte du débat social et citoyen par l’actuel gouvernement. Une fois de plus le fossé entre la démocratie représentative et la population va se creuser.

Il n’en va pas que d’un déficit démocratique. Depuis des années la politique ferroviaire en France privilégie une politique du tout LGV qu’elle oppose sciemment à l'entretien des voies et du réseau, au développement des lignes régionales et nationales telles les trains Intercités ou  les Trains d'équilibre du territoire. On assiste au niveau du transport voyageur à la même politique que celle organisée pour le fret ferroviaire. La volonté évidente affichée est de mettre fin au service public ferroviaire. L’Etat, incapable de boucler le budget de ces projets pharaoniques de LGV, a conçu des plans de financements invraisemblables présentés dans un grand jeu de dupe : le partenariat public privé (PPP). Sous couvert d’un co-investissement du privé et du public sur une infrastructure, nous assistons à une double peine pour les collectivités locales. Elles financent le projet (ici une LGV, là un hôpital) puis paient ensuite un loyer au privé pour utiliser l’infrastructure qu’elles ont cofinancées. De plus, le PPP est souvent inflationniste parce que sous-estimé au départ et particulièrement rentable pour les grands groupes de BTP. Il est enfin injuste car laissant une grande part de la facture de la dette-location aux générations futures. Le futur Palais de Justice, aux Batignolles, ou l'hôpital Sud Ile de France, à Evry, en sont deux exemples caricaturaux.

Ce choix du PPP n’est que l’aboutissement d’une logique comptable appliquée depuis des années par les gouvernements successifs : réduire la dépense publique en diminuant notamment les dotations aux collectivités locales. L’Etat d’un côté « fait les poches des collectivités » puis de l’autre les sollicite pour financer des infrastructures nationales comme les LGV. Plusieurs collectivités ont donc légitimement refusé d’être ainsi doublement ponctionnées. 

Alors que nous ne cessons de diminuer ou reporter des investissements publics à l’échelle de nos territoires, sur lesquels nous nous étions engagés auprès de la population parce qu’indispensables au lien et à la cohésion sociale de notre territoire, doit-il encore revenir aux régions de financer une LGV qui est le plus lourd projet ferroviaire européen ? Peut-on faire l’impasse de la mobilisation d’un fonds européen pour éviter l’asphyxie des collectivités locales ?

Mais revenons au projet de LGV Bordeaux-Toulouse et aux conclusions de la commission qui sont implacables : 

  • L’impact environnemental et les effets sur les terres agricoles sont sous-évalués voire non pris en compte. Ainsi, ce projet détruirait 3700 hectares de terres agricoles et forestières et 86 ha de Zone Naturel d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique. De plus, pour faire circuler des trains à plus de 300 kms/heure il faut doubler la consommation énergétique. A l’heure où la France organisera la COP21, il s’agit d’un non-sens écologique.
  • Le montage financier est incertain et sa viabilité largement entamée. En effet, depuis le lancement du projet, le coût au kilomètre ne cesse d’augmenter passant de 5 millions à  25 millions d'euros en quelques années.
  • Une fréquentation faible liée à l’augmentation certaine du prix du billet interroge sur la rentabilité socio-économique du projet.
  • Ce projet accompagne la mise en place de la loi NOTRE. Il s’inscrit dans le cadre d’une  métropolisation construite sur le mode de la compétition  économique au détriment d’un développement équilibré du territoire.

Nous refusons  cette logique selon laquelle la desserte inter métropolitaine par la LGV se fasse au détriment des trains d’équilibre du territoire, du développement des infrastructures ferroviaires de proximité associé à la rénovation de lignes existantes sur lesquelles des TGV peuvent encore circuler et plus rapidement qu’ils ne  le font aujourd'hui.

La Loi Macron se fait fossoyeuse de lignes d’équilibre du territoire en y substituant des bus et le gouvernement renonce à une contribution climat pour doter de ressources l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport. Cette fuite en avant dans la libéralisation du secteur ferroviaire ne répond ni à l’intérêt général, ni à l’intérêt écologique. Il est inacceptable qu’au nom d’un fanatisme  libéral, gouvernement et direction SNCF organisent la mise en place de déserts ferroviaires.  Cette politique de casse du service public va à l’encontre même du principe républicain qui garantit une « République indivisible ». Le service public ferroviaire doit continuer à être un outil indispensable du maillage territorial par le maintien ou la création de lignes transversales permettant une meilleure accessibilité pour chacun.

Pour notre part, nous choisissons un maillage des territoires appuyé sur les trains du quotidien et le développement d’infrastructures et de services publics de transports collectifs. Nous ne pouvons accepter par exemple, la disparition des lignes Béziers-Neussargues, Montréjeau-Luchon, la casse de l’axe Toulouse Hendaye comme la disparition programmée de « la palombe bleue », nous refusons le non-respect des engagements pour la rénovation de la ligne Carcassonne-Quillan.

Matrice de notre égalité territoriale, le maillage ferroviaire doit demeurer et se développer. 

Mais bien entendu nous voulons créer des liaisons rapides vers Paris, Lyon, Barcelone en privilégiant la rénovation des lignes existantes permettant à des TGV d’y circuler plus rapidement. Ces lignes doivent également permettre une mixité frêt-voyageur. Enfin, à l’heure du regroupement de nos deux Régions il apparait primordial de permettre une véritable liaison rapide entre les deux principales agglomérations de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.

Voilà ce que doit être une politique d'aménagement du territoire au service des citoyens. La Cour des comptes, elle-même, considère que le système LGV est un modèle qui a été porté au-delà de sa pertinence. Nous ne comprendrions pas l’entêtement du gouvernement à imposer ce projet au-delà de tout respect de la démocratie et de la participation citoyenne. 

 

 Signataires :

Jean-Pierre CREMOUX, militant associatif; Jean-Paul DAMAGGIO, association Alternative LGV Midi Pyrénées; Jean-Luc GIBELIN, co-chef de file du PCF aux régionales, membre du collège exécutif du PCF; David HERMET, porte parole régional d'Ensemble !; Liem HOANG NGOC, membre de Nouvelle Gauche Socialiste; Evelyne HOULèS, membre du POC; Agnès LANGEVINE, membre d'EELV; Myriam MARTIN, porte-parole nationale d’Ensemble !; Patric ROUX, secrétaire fédéral du Partit Occitan; Geneviève SABATHÉ, membre de Nouvelle Gauche Socialiste; Guilhem SEYRIES, co-chef de file du Parti de Gauche, Conseiller régional PG au Conseil régional Midi-Pyrénées; François SIMON, Vice-Président EELV au Conseil régional Midi-Pyrénées, Anne STAMBACH-TERRENOIR, membre du PG; Marie-Pierre VIEU, co-cheffe de file du PCF aux régionales, conseillère régionale de Midi-Pyrénées, membre du collège exécutif du PCF.

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