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Les Occitans reviennent

12 juin 2001

LES OCCITANS REVIENNENT...

Le débat sur une nouvelle phase de la régionalisation en France, celui sur de nouvelles structures pour l’Union Européenne, la signature interrompue de la France à la Charte européenne des langues et cultures régionales et minoritaires, des décisions ministérielles concernant l’enseignement de ces langues dans le cadre français ont fait émerger dans l’opinion publique l’emploi d’un mot, Occitan(s), auquel elle n’avait pas été éduquée ni préparée. On ne s’étonnera pas qu’il ait donné matière à des interprétations erronées, fantaisistes, quelquefois hostiles. Sans tomber dans des excès de langage ou des vues idéalisantes et tendancieuses, il paraît donc nécessaire d’établir la vérité sur ce surgissement de grande importance géographique, historique, culturelle et civique.

UNE LANGUE. Les linguistes sont d’accord sur l’existence depuis environ le IXe siècle, d’une langue romane (issue du latin) originale, comprise entre les parlers de la Vallée du Pô, ou gallo-italiques, les parlers proprement français ou d’oïl, les parlers franco-provençaux (Dauphiné, Savoie, Bourgogne, Suisse romande et Val d’Aoste), le Pays basque, l’Aragon et la Catalogne.

Cette langue dite d’oc, gallo-roman méridional ou plus pratiquement occitan, occupe en quelque sorte la « plaque tournante » de l’Europe latine occidentale. Ses variétés naturelles se classent en trois groupes : l’occitan méridional, provençal et languedocien ensemble, le nord-occitan qui va de la Marche limousine aux vallées occitanes du Piémont, le gascon dont l’originalité tient à des parentés ibériques. La séparation entre occitan et catalan (proche du languedocien méridional) s’est faite essentiellement pour des raisons historiques. Le catalan aujourd’hui va du Roussillon au Sud du Pays valencien.

Cette langue a été écrite dès le XIe siècle dans des formes administratives et littéraires, locales, régionales ou même communes à tout le domaine (la langue des troubadours) et avec une graphie propre. Comme telle, elle a servi jusqu’au XVe siècle a de grands pouvoirs politiques en France et hors de France (Aquitaine anglo-normande, Provence angevine) et à toute une vie communale. Un coup fatal lui a été porté par l’Édit de Villers-Cotterêts (1539), imposant à tout le royaume le français du roi. Mais après cette date elle a encore été officielle dans le Royaume de Navarre.

Dans son usage oral, elle a été la langue de toute la France du Sud jusqu’au milieu du XIXe siècle, bien que de plus en plus dévaluée socialement sous le nom de « patois ». A partir de cette date, une campagne scolaire et administrative d’une extrême rigueur l’a fait reculer au bénéfice du français. Celle-ci a été récemment relayée par la multiplication des moyens de communication et le monolinguisme francisant de l’audiovisuel, facteurs d’une érosion accélérée. On peut estimer qu’encore en 1900, 90 % des habitants du territoire occitan avaient l’usage de la langue héritée. Les enquêtes récentes font tomber ce chiffre à 17 %, soit environ 2.400.000 citoyens français, auxquels il faut ajouter les usagers potentiels, ayant encore une connaissance partielle de l’occitan, sans en avoir la pratique.

UNE CULTURE. L’occitan dans sa forme médiévale a été la source principale de l’écriture littéraire européenne. Langue de cours royales et seigneuriales, il s’est répandu largement hors de son domaine. La « leçon des troubadours » a été entendue et imitée en Italie, en Allemagne, en domaine ibérique et en domaine français proprement dit. Dans son territoire d’origine, l’occitan littéraire a servi de référence à la création poétique jusqu’aux XIVe et XVe siècles.

Le perte de prestige administratif n’a pas signifié une fin de cette création. Sur des bases régionales, l’expression poétique occitane renaît au XVIe et passe à travers XVIIe et XVIIIe siècles, intéressant parfois la Cour de France. Au moment de la Révolution française, le souvenir rétabli de l’ancienne gloire rencontre une vigoureuse expression écrite populaire. Ainsi commence une « Renaissance occitane », qui va produire une nouvelle littérature, capable d’accéder à l’un des premiers Prix Nobel en la personne de Frédéric Mistral. Ce puissant phénomène intellectuel est malheureusement incapable d’infléchir la politique scolaire de la France et donc d’atteindre son public naturel. II ne se décourage pourtant pas. La production littéraire renouvelle son essor dans les années 30 du XXe siècle, et présente aujourd’hui le tableau d’une création en phase avec l’actualité internationale. Le patrimoine qui la porte est riche de quelque 40.000 titres.

L’occitan médiéval, mais aussi l’occitan moderne est un objet d’études à ce même niveau international. L’Association Internationale d’Études Occitanes groupe 400 universitaires du monde entier.

La littérature est l’aspect le plus évident de la culture occitane. On ne peut pourtant éviter d’élargir le tableau à d’autres aspects plus sociologiques, de la vie culturelle en cet espace. Rappelons pourtant que l’occitan a été la langue de grands phénomènes religieux du passé comme le catharisme et le valdisme.

UNE HISTOIRE. Les Français ont été éduqués à une histoire finaliste de l’unité réalisée qui efface la cruauté des annexions, l’arbitraire des frontières, la tyrannie du centre et les mouvements intérieurs. Les choses changent depuis peu. Les historiens d’aujourd’hui ne peuvent plus éviter d’employer l’adjectif « occitan », quittes à invalider, jouant de la. complexité des faits, les arguments majeurs qui soutiennent cet usage même (cf. le récent cahier de la revue l’Histoire).

Il serait maladroit de répondre à « l’histoire de France » par un montage inverse, mais il est grand temps d’énoncer ces arguments, qui font de l’histoire en pays occitan une grande aventure à l’échelle de l’Europe.

Dans les restructurations qui suivent l’occupation de l’espace impérial romain par les Germains envahisseurs, une contradiction fondamentale apparaît entre une organisation du Sud de la Gaule et de l’Espagne par le pouvoir wisigothique, arrivé de l’Est méditerranéen, religieusement arien et globalement respectueux de la sociabilité antique, et un glacis nordique occupé par les Francs, tribal germanique, allié à partir de Clovis de l’Église catholique. Se définit là une bipartition qui, sous la forme de l’opposition entre droit écrit et droit coutumier, va durer des siècles.

L’affrontement entre les deux domaines se fait une première fois près de Poitiers en 507. Le royaume wisigothique est refoulé de Gaule, sauf en Septimanie. La terreur franque déferle.

Au début du VIIIe siècle, les Musulmans entreprennent de remonter l’Europe par les deux entrées de l’Aquitaine et de la Vallée du Rhône. La réaction des pouvoirs établis y est ambiguë. Devant la menace d’un retour des Francs, en deux lieux, Narbonne et la Provence, on assiste même à une tentative de pouvoir islamo-chrétien. Mais à Poitiers en 732, Charles Martel détruit l’armée de l’Islam. Sa descente couvre le Sud de ruines.

Au début du XIIIème siècle, les pouvoirs d’origine franque ou de tradition wisigothique (celui d’Aquitaine passé aux Anglo-normands, celui des Catalans et celui de Toulouse principalement) sont entrés dans une compétition pour le contrôle de l’espace occitan tout entier. Sous leurs conflits et dans les conflits sociaux, se sont dessinés les cinq traits principaux d’une avance culturelle où l’on pourrait voir l’émergence d’une "Europe occitane" : le républicanisme consulaire citadin, forme civique de l’essor de la bourgeoisie, la tolérance dont jouissent les Juifs, qui élaborent alors une très haute culture, le style particulier de "dépense" matérielle et morale de la noblesse seigneuriale et de la chevalerie, la promotion de la Dame noble par la poésie des troubadours, la protection générale du droit à l’hérésie dont profitent valdisme et catharisme. L’année où ce faisceau paraît se lier est 1204, année du pacte de Millau entre Catalans et Occitans et de la Grande Charte de Montpellier. Mais dès 1209, une alliance inverse de l’Église romaine et du pouvoir capétien lance une croisade sur les terres de Toulouse, cependant qu’en 1212 l’Auvergne est conquise militairement. Au bout de quarante ans de guerre et de répression, le pays a été ravagé et soumis. L’Inquisition créée pour l’occasion, a réussi à extirper les hérésies et à inverser les tendances libérales de la société. La dynastie française a pris pied en Provence catalane et en domaine toulousain. En 1271, sous le nom de Langue d’oc ou Occitanie, celui-ci sera annexé directement à la couronne.

Aquitaine et Provence angevine échappent encore à la mainmise capétienne directe. Cela sera fait au terme de la guerre dite de Cent Ans par la bataille de Castillon (1453) et la prise de Bordeaux, d’un côté, par l’union dynastique de la Provence et de la France (1482), vite interprétée comme une annexion, de l’autre.

II a fallu ainsi plus de deux cents ans à la France royale pour se rendre maîtresse de l’essentiel de l’Occitanie. Un morceau de celle-ci, le royaume de Basse Navarre (Foix et Béarn), vivra encore indépendant jusqu’à ce que son roi Henri devienne roi de France (1596).

La vie des terres occitanes sous le pouvoir français lointain est un complexe de fidélité globale à la Couronne elle-même, de pulsions autonomistes provinciales ou républicaines citadines, de mouvements politico-religieux européens qui les traversent et les soulèvent, comme le protestantisme. I1 y a de grands moments de révolte massive "interclassiste", populaire, parlementaire, nobiliaire a la fois, comme celle que Richelieu doit mater militairement en Languedoc et Provence, et bien des tentatives d’un « autre pouvoir » habitent la Réforme. De cette façon, l’Occitanie reste un lieu d’histoire active.

Elle ne cesse pas tout à fait de l’être avec la Révolution Française. Les Occitans adhèrent alors à la Nation de type contractuel qui vient de naître. Ils vont en être des artisans principaux. Mais dans cette adhésion même, on ne peut manquer de remarquer des différences majeures, comme les soutiens de la cause girondine, des formes « fédéralistes » du jacobinisme, la résistance à la conscription sous l’ Empire, la Terreur blanche, suivie paradoxalement de deux soulèvements « rouges », contre le Coup d’ État de 1851 et dans la vague communaliste de 1871.

À distance des temps, des mouvements protestataires apparaissent encore en 1907 (soulèvement du Languedoc viticole) et dans les années l960-1980 (réponse paysanne et ouvrière des périphéries économiquement condamnées à l’entrée dans le Marché Commun européen). À chaque fois, le thème linguistico-culturel est présent.

Il semble bien que la survie d’un sentiment occitan et les sursauts de la société méridionale française mettent en cause une interprétation officielle du contrat national continuée jusqu’à ce jour. On peut attester que celui-ci ne comporte pas de clause linguistique : une nation civique n’est pas une nation ethnique, l’unitarisme linguistique y est introduit par perversion historique. Il est aussi évident que la Nation et la République ont eu leur sens inversé par la Constitution bonapartiste, centraliste autoritaire, de l’An VIII, modèle de toutes les Constitutions françaises jusqu’à la présente.

Les Occitans, dans la mesure où ils ont contribué à la vie de la France moderne autant que les autres Français et où ils considèrent l’histoire de France moderne comme la leur propre, jacobinisme et girondinisme ensemble, sont fondés à dénoncer une falsification du contrat civique et une usurpation de la Nation dont se sont rendus et se rendent encore coupables pensée centraliste hégémonique et impérialisme du Centre.

UN ESPACE. La naissance en un espace européen d’une forme originale du latin n’est pas un phénomène fortuit. Elle s’explique par des raisons socio-historiques qui elles-mêmes obéissent aux structures géographiques.

Les pays occitans, bornés par deux seuils : la Vallée du Rhône sous Lyon et le seuil du Poitou, font communiquer Europe du Nord et Europe méridionale. Ils forment un ensemble relationnel double d’échelle continentale dont la connexion est assurée par le couloir côtier septimanien. Plus largement, sont ainsi mises en relation avec la Méditerranée le monde atlantique et le monde rhénan. La côte entre Nice et l’Albère et l’estuaire de la Gironde sont clairement deux « poumons » européens, le premier utilisé pour la conquête du Nouveau Monde et l’exploitation des Caraïbes, le second par le mouvement d’expansion que signifièrent les Croisades et par l’expansion coloniale française des XIXe-XXe siècles.

La cohérence interne de cet ensemble est assurée traditionnellement par une relation de hautes terres à plaines côtières et bassins fluviaux dite tombada en occitan. Le Massif dit central par la géographie nationale française et les Alpes du Sud trouvent ainsi leur fonction d’arrière-pays vivants aquitain, rhodanien et méditerranéen.

Au sud-ouest les Pyrénées, pas plus que les Alpes à l’est, ne jouent à haute date le rôle de barrières, mais plutôt de réservoirs de population.

Les mouvements des peuples, des échanges, de la culture ont utilisé cette structure, depuis la préhistoire jusqu’à l’intervention française, dans un sens très majoritairement Sud-Nord.

La troisième descente franque, identifiable à la croisade albigeoise, va inverser cette direction et donc la logique des espaces européens. Au XIIIe siècle, non seulement une « Europe française », du royaume centralisé et de la réduction culturelle, se substitue à une « Europe occitane » ouverte à l’espace et aux temps, mais commandement est pris sur la Méditerranée, en attendant les Pyrénées, par un pouvoir installé dans une cuvette terminale de la grande plaine de l’Europe du Nord, entre Vosges et Flandres. Paris capitale du Sud comme du Nord signifie une extrapolation territoriale majeure. En profil d’histoire longue, l’Occitanie devient sa "marche" et perd sa fonction propre.

Cependant, jusqu’à l’époque moderne, ce décentrement n’intéresse que peu les circuits économiques et la vie des gens. On peut situer au XVIIIe siècle un ensemble de chances (industrie lainière, mais aussi du coton et de la soie, découverte du charbon, première métallurgie, cultures céréalières., apparition du maïs, constructions de grands vignobles, commerce transmaritime, batellerie fluviale et sur le Canal des Deux Mers, développement urbain) qui font entrer les pays d’oc dans la modernité au même rythme par exemple que le Bassin de la Tamise.

Tout va changer avec la rencontre, dans la constitution du marché national français, de la révolution industrielle du XIXe siècle, de la classe capitaliste et de l’État centralisé. L’accrochage européen de la France à l’époque du charbon et de l’acier se fait par 1’Est et le Nord, l’aventure coloniale transforme les ports méridionaux en ports militaires d’embarquement ou en quais de transit pour le centre parisien. La construction des chemins de fer détruit systématiquement les relations intra-occitanes au bénéfice de la seule relation Paris-périphérie. La centralisation administrative et politique ne permet à aucune vue non hexagonale d’émerger . Dans le mouvement, la classe capitaliste méridionale s’exporte et exporte ses capitaux. Le grossissement de l’agglomération parisienne absorbe la substance humaine de l’Auvergne et du Limousin.

Tous ces faits ensemble ont été décrits dans les années l960 comme un « colonialisme intérieur », de même fonctionnement global que le colonialisme transcontinental sauf qu’il se recouvre de l’égalité civique et de l’idéologie nationaliste centraliste uniformément répandue, qui le rendent invisible. Il était alors au terme de son parcours, ajoutant à la mise en exploitation antérieure l’expropriation des ressources agricoles et l’exploitation touristique. Il devait s’accélérer en phase ultime, mettant les régions françaises en compétition de survie ( Lorraine et Nord contre Midi charbonnier) avant le sacrifice global de tout l’appareil industriel français hérité, dans les années 80 sous la. pression du Marché Commun, puis de la globalisation. L’ Occitanie paraissait ainsi se vider de sa substance humaine.

UN FUTUR. La date précoce de ce laminage socio-économique explique que sur cette même ligne de butée des années 80, les pays occitans aient pu jouer la carte d’une mutation économique, utilisant leur haut niveau de scolarisation pour prendre place dans les industries nouvelles, utilisant certaines chances amenées par l’État (l’aérospatiale toulousaine), s’appropriant des ressources touristiques, développant la croissance du tertiaire. Il ne faut sans doute pas exagérer ce que la presse parisienne a appelé le « boom du Midi », mais il est vrai que le Sud français ne présente plus aujourd’hui le visage d’un pays en retard de développement. Il peut même arriver (dans les régions montagnardes) qu’une fois atteint un certain degré de dépeuplement, un équilibre se fasse et qu’une prospérité relative s’établisse pour une population permanente. La régionalisation de 1981, toute exiguë qu’elle soit, et encore dominée d’appareil central, a certainement joué aussi un rôle positif en donnant aux échelons communal, départemental et régional quelques moyens et surtout le goût de l’initiative.

Un grand basculement en cours permet de voir l’avenir dans un cadre européen et sous un angle tout nouveau. Des années 50 aux années 80, les dysfonctions territoriales de la France étaient devenues perceptibles (« Paris et le Désert français »), mais on ne songeait officiellement qu’à les palier par des opérations d’entraînement pensées en bureaucratie centraliste. Elles se sont révélées inefficaces, quand elles n’ont pas occupé le lit des évolutions déstructurantes, faisant quelquefois parler de « Déménagement du Territoire ». Concurremment, les crédits apportés par l’Europe au développement régional étaient arbitrés et contrôlés par le Pouvoir central.

La conscience que les régions ont prise récemment de leur environnement naturel, des possibilités qui leur étaient offertes de se situer sur des marchés internationaux, l’exemple de la progression des autres régions européennes, jouissant de moyens et de pouvoirs auxquels on ne peut en France que rêver, l’ouverture de programmes européens comme le FEDER, interrégionaux et transnationaux, non étranglés par les États, tout cela crée une aération générale où les pays occitans se retrouvent là où la centralisation française et l’inversion de destin leur avait fait oublier qu’ils étaient : au noeud des relations de l’Europe sud-occidentale, entre les deux régions d’Europe de pointe économiquement, Catalogne et Piémont-Lombardie, face au Maghreb, sur la ligne où va se jouer au troisième millénaire la grande négociation Nord-Sud de rééquilibrage d’une partie du monde. Ainsi l’Europe nouvelle accouche nécessairement d’Occitanie.

Devant cette échéance, les Occitans ont trois problèmes à résoudre. Comme citoyens français, il leur revient de réactiver et redresser le destin national, sur le seuil de l’intégration européenne, ce qui ne peut qu’amener à retrouver, à travers l’émancipation régionale par l’autonomie et la restructuration territoriale par l’interrégional, ce principe perdu de la démocratie, cette « essence de la Nation », qu’est le pacte fédéral.

Comme citoyens européens, ils ont à faire face à cette énorme mystification historique qu’a été l’abandon par les États du « marché national » jusqu’à l’abandon de leur monnaie propre, sans qu’ils consentent pour autant à l’établissement des pouvoirs démocratiques européens correspondants. Ils doivent donc contribuer à la mise en place d’une constitution démocratique, c’est-à-dire fédérale, européenne, comportant son exécutif, son législatif, son droit communautaire, et naturellement inscrire dans cette nouvelle Nation à son avènement le pacte des autonomies régionales.

Comme eux-mêmes, comme Occitans, ils doivent renouer le fil coupé de leur culture et reprendre avec elle leur place dans 1e monde. Pendant tout le temps ou l’appareil d’État et le préjugé pseudo-national partaient à l’assaut de leurs usages linguistiques, il est vrai qu’ils ont été les alliés de cette dépersonnalisation collective, et qu’ils n’ont plus voulu « parler patois ». Cela n’est que banal : les socio-linguistes ont bien analysé cette « haine de soi » des consciences aliénées. Les temps ont changé : on peut mesurer aujourd’hui la gravité d’une opération qui a consisté à priver quatorze ou quinze millions de personnes de leur héritage culturel, au demeurant illustre, et de l’auto-connaissance. I1 convient désormais d’inscrire dans la nostalgie de langue perdue que les enquêtes révèlent, ce qui est possible d’une reconquête, sans oublier que la tradition occitane n’est pas d’intégration autoritaire, mais de coexistence.

Les Occitans sortent des oubliettes et rentrent dans l’histoire. Comme autrefois, en témoignage d’ouverture.

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