Ancien représentant patronal au sein de différents organismes paritaire, Eric Verhaeghe publie un livre détonnant sur le MEDEF : Jusqu’ici tout va bien ! , Enarque, membre du Medef, président de l’APEC, je jette l’éponge ».
Il y décrit une caste coupée du monde, ressassant ses lubies : « Très vite, j’identifiai dans ce monde étrange un code implicite que je mis longtemps à déchiffrer : la critique de l’Etat et des fonctionnaires. Elle est un passage obligé de toute réunion au Medef. Pour y être reconnu il faut sacrifier à la litanie de l’Etat incapable, des fonctionnaires fainéants et incompétents » Pourtant quand il propose, à l’allemande, la neutralité de l’Etat dans les négociations paritaires, les patrons haussent les épaules et notre Candide découvre alors le « lien congénital entre le patronat français et l’Etat » le premier ayant trop besoin du second pour maintenir ses avantages...
“Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit”
"J’ai 42 ans, je suis fils d’ouvrier passé au moule de l’ENA, je suis ni de droite ni de gauche. Et je me pose cette question : que s’est-il passé pour que nous régressions à ce point collectivement ? Où est passée la France dont je rêvais enfant ? Aujourd’hui, elle ne se ressemble plus. Elle me met au bord de la nausée. Elle ne porte plus les valeurs qui ont fait sa grandeur : l’engagement au service d’un idéal collectif. Elle est plus âpre, plus avaricieuse. Ce qui sert à tous est stigmatisé : Sécurité sociale, école, dépenses publiques. Ce qui sert à l’élite et au paraître est vanté : les montres en or, les vacances de luxe, les grosses voitures, le tape-à-l’oeil. Surtout, il y a ce sentiment étrange d’être un dissident, de risquer l’excommunication, la damnation, si l’on n’approuve pas les dérapages de notre société ! Et puis, il y a eu la crise des subprimes et ses scandales. Cette évidence que rien décidément ne tournait plus rond.
Alors, j’ai décidé de dire ce que j’avais sur le coeur. J’ai écrit ce livre pour le dire. Et pour aller jusqu’au bout de mon engagement et être cohérent envers moi-même, je quitte la présidence de l’APEC et je démissionne du Medef."