Mobilisation pour les élections régionales

La gestion des régions est un enjeu de démocratie local, mais également global vu leur élargissement[1]. Cette tribune attire l’attention sur les discriminations dont fait l’objet dans cette campagne la gauche critique, dans ses diverses composantes. Ces manquements ne peuvent que servir les forces réactionnaires.

                                 Un contexte socio-politique sinistré

Les élections des 6 et 13 décembre 2015 s’inscrivent dans un contexte de nette progression de l’abstentionnisme et des replis identitaires, résultantes d’une politique de redistribution souvent inefficace et injuste. A cela s’ajoute l’actualité des attentats parisiens et de l’état d’urgence, qui a imposé un coup d’arrêt au débat citoyen. Cela dit, du fait du matraquage des médias dominants qui alimentent la paranoïa sécuritaire, toutes les listes ne sont pas logées à la même enseigne. Les organisations politiques les plus favorables à un redoublement guerrier enregistrent des hausses de popularité inversement proportionnelles à leur degré de responsabilité dans les passifs déplorés. Pendant ce temps, le mouvement social, écologique et citoyen est partiellement muselé du fait du maintien abusif de l’état d’urgence suite aux attentats djihadistes. Force est de constater que les règles du jeu ont changé et sont en partie pipées.

               Halte à l’OPA d’une extrême-droite xénophobe et nationaliste

La marginalisation des listes de la gauche critique est renforcée également par les prédictions médiatiques concernant un « raz de marée » frontiste. Il est temps d’établir les responsabilités de la présidence Hollande, suite à celle de N Sarkozy, dans la progression de l’extrême-droite. Il est temps de rétablir certaines vérités fondamentales.

Le FN est le premier parti de France depuis les élections européennes de 2014. Un bilan est à effectuer d’une année de gestion de cette nouvelle donne: le recul de l’influence française au Parlement européen est un fait trop occulté dans le débat hexagonal, quoique symboliquement et politiquement grave. Cette expérience va t’elle se répéter à l’échelle régionale?

« On vous l’avait bien dit » ou le FN prophète de malheur: à cette géo-politique nationaliste et xénophobe, que met scrupuleusement en application le gouvernement Valls-Cazeneuve-Le Drian, nous devons opposer un programme de politique étrangère, militaire, industrielle (d’armement), migratoire et de coopération décolonisé, mieux contrôlé et plus démocratique.

Le FN apparaît en fait comme l’inconscient débridé et irresponsable d’un Etat-nation devenu en partie hors de contrôle. Il reste à construire une résistance citoyenne organisée à l’égard des dérives d’abord austéritaires, puis autoritaires et militarisées de la présidence Hollande, qui s’avèrent autant d’applications d’éléments de programme frontiste ou des droites.

 

 

         Régions et quartiers populaires : l’unité du peuple dans la diversité de ses composantes territoriales

Les régions, quasi-entièrement à gauche depuis l’aventure sarkozyste, se sont avérées des boucliers, même partiellement, à l’égard de la politique austéritaire menée par l’exécutif. La possibilité d’un retour de certaines à la droite, voire de la conquête de certaines par le FN, phénomènes qui succéderaient au retour du Sénat dans l’escarcelle de la droite, s’explique d’abord par les dérives gouvernementales. L’authentique unité nationale, celle du peuple, est forte de la diversité de ses composantes territoriales et des contrepoids culturels et politiques qu’elles alimentent, outre-mer comme en métropole. Ce n’est pas celle qui s’épanche en propagande cocardière, au motif de la compassion à cultiver à l’égard des victimes collatérales d’un conflit Nord-Sud qui ne dit pas son nom.

La marche pour la dignité et les commémorations des dix ans des révoltes des banlieues (en 2005) l’ont enseigné : le maintien de la concorde civile et de la démocratie en France passe par l’arrêt des politiques de racialisation et xénophobes qui alimentent, dans un contexte de chômage endémique, les discriminations à l’égard des citoyen-nes et jeunes des quartiers populaires et multi-ethniques, et par voie de conséquence les radicalisations djihadistes.

La mobilisation des citoyen-ne-s et des jeunes est indispensable pour que cette échéance électorale ne soit pas l’occasion d’une nouvelle catastrophe politique. Après la réussite des actions écologistes malgré l’état d’urgence dans le cadre de la COP21, il s’agit de redoubler l’essai. En dépend la construction d’alternatives viables et pérennes à la gestion de crise menée par l’oligarchie néo-libérale et autoritaire.


 

Signataires : Karine Ballon documentaliste (Grenoble, 38), Franc Bardou poète et enseignant (Auterive, 31), Jean-Claude Bauduret ingénieur (Lectoure, 32), Adda Bekkouche juriste (Colombes, 92), Martine Boudet enseignante (Toulouse, 31), Marc Brunet enseignant (Cavaillon, 84), Christian Delarue cadre administratif (Rennes, 35), Monique Demare enseignante (Frangy, 74), Tosse Ekue animateur culturel (Toulouse, 31), Yann Fiévet socio-économiste (Ile de France), Claude Garcia médecin du travail (Toulouse, 31), Jérôme Gleizes, universitaire (Paris, 75), Agnès Jouan retraitée fonction publique syndicaliste (Paris, 75), Georges Labouysse historien (Toulouse, 31), Evelyne Perrin sociologue (Ile de France), Jean-François Pin responsable d’associations citoyennes (Ile de France), Gérard Tautil enseignant (Signes, 83), Béatrice Turpin cinéaste (Paris), Jean-Paul Vanhoove retraité (Ile de France), Mireille Wolff enseignante (Ile de France)

 

[1] Les régions ont pour fonction de gérer l’environnement et la transition énergétique, les parcs naturels, l’aménagement du territoire, les transports, la répartition des fonds structurels européens, le développement économique (innovation, enseignement supérieur et recherche), la formation professionnelle, les lycées, la culture, le sport, la politique de la ville.