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« Radioscopie du régionalisme » : un sondage aux résultats édifiants !

À l’occasion de l’Université d’été de Régions et Peuples Solidaires ( organisation dont le Partit Occitan est un des membres fondateurs) qui se tiendra en Corse l’Ifop publie une vaste enquête sur l’état du régionalisme français et les aspirations décentralisatrices des citoyens.

Cette étude, menée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français et de 7 échantillons territoriaux spécifiques, révèle une France en quête d’autonomie territoriale et d’identité régionale, qui ne cache pas son soutien aux revendications des régionalistes sur le plan juridique, territorial ou linguistique. Loin d’être un phénomène marginal, le régionalisme français s’affirme comme une aspiration profonde à repenser l’organisation territoriale du pays et à valoriser ses diversités culturelles et historiques. Cette radioscopie met en lumière un paradoxe français : celui d’un pays historiquement centralisé où s’épanouit une demande croissante de reconnaissance des spécificités régionales.

Et l’Occitanie dans tout ça ?

Pour ce qui concerne l’Occitanie voici les principaux enseignements que l’on peut tirer, en notant cependant que le sondage a porté sur 518 personnes sur l’ensemble des régions occitanes soit autant que sur chacun des autres territoires.

Cela donne aux résultats occitans une certaine dilution. Des focus sur certaines régions occitanes auraient été utiles pour mieux saisir la réalité occitane qui est certainement contrastée selon tel ou tel territoire. Il faut donc prendre en compte cet aspect. Sur la question de la langue par exemple il est évident que certaines zones sont plus sensibles que d’autres à cette question.

Le territoire occitan compte 15 millions d’habitants. Comparé aux autres territoires sur lesquels il y a eu un focus cela signifie que c’est entre 4 et 30 fois plus de population.

On aurait pu demander un focus sur un territoire occitan plus réduit mais cela demandait de faire un choix et nous n’avons pas souhaité le faire pour ne pas donner le sentiment de privilégier telles ou telle partie de l’Occitanie.

Dans le détail…

Il n’empêche que ce sondage donne des indications quant aux tendances générales qui indiquent clairement que les thèmes défendus par le Partit Occitan trouvent un écho dans la population de nos régions.

70% des occitans se disent favorables à l’adaptation des lois par les régions pour répondre aux réalités de terrain.

67 % des occitans se disent favorables au renforcement du pouvoir des régions et à ce qu’elle se dirige vers le fédéralisme

51 % des occitans sont favorables à ce que certaines régions disposent d’une autonomie

84% des occitans sont favorables à un enseignement de l’histoire de leur région

84% sont favorables à l’enseignement de la langue (= à la Bretagne )

76% sont favorables à la reconnaissance officielle des langues régionales

52% sont favorables à un enseignement généralisé de la langue, proposé à tous avec possibilité de dérogation pour ceux qui le souhaitent

72% des occitans considèrent que les collectivités n’ont pas assez de pouvoirs. C’est plus que toutes les autres régions sauf les bretons qui sont un point au dessus

91% des occitans considèrent que l’État central est déconnecté des réalités locales ( c’est le même résultat que la Corse et supérieur au Pays Basque et à la Bretagne. Il y a donc chez les occitans un sentiment d’abandon de la part de l’Etat central.

83% des occitans pensent que les médias se concentrent trop sur ce qui se passe à Paris et pas assez sur leur région

Ce résultat est conforté par la proportion d’occitans qui pensent que le pouvoir national prend bien en compte les intérêts de leur territoire. Ils ne sont que 29% à le penser. Pour ce qui est de l’Europe ils sont 27% à penser que l’Europe prend bien en compte ces intérêts.

Quid de l’autonomie de la Corse ?

Le sujet est à l’ordre du jour puisqu’il y a un projet de discussion parlementaire sur le projet qui devra être suivi , s’il est adopté, d’une réforme de la Constitution.

51% des personnes interrogées sur l’ensemble de la France y sont favorables. Ils sont 76% en Corse.

Par ailleurs, 45% des occitans sont favorables à un statut d’autonomie pour la Corse ; Ils sont 59% en pays Basque, 65% en Bretagne et 72% en Alsace.

Le Conseil Constitutionnel, rue de Montpensier à Paris (mbzt-CC)

Communiqué : pour l’autonomie, il faut être plus audacieux !

Il serait très bénéfique pour  la démocratie qu’une réforme constitutionnelle profite à toutes les régions et à toutes les langues dites « régionales » .

L’entrée du Conseil constitutionnel, 2 rue Montpensier à Paris (mbzt-CC Wikimedia commons)

Le président de la République veut marquer l’histoire. Il a parlé  d’une « autonomie à la corse » dans une Corse qui serait autonome « dans la République » Fallait-il préciser « dans la République » ? L’autonomie n’est pas l’indépendance, chacun le sait ou devrait le savoir.

Seuls les mois qui viennent nous diront si ce discours aura été « historique ». L’entrée de la Corse dans la Constitution serait une bonne chose pour les corses, mais une entrée du concept d’autonomie pour toutes les régions serait une bonne chose pour la modernisation de la République.

Il est d’ailleurs assez singulier d’entendre certains responsables politiques parler d’un projet pour « plus d’autonomie » des régions, alors que les régions n’ont à ce jour aucune autonomie. Ce mot signifie que les régions devraient pouvoir disposer des moyens budgétaires et politiques afin de traiter des questions liées aux compétences qui leur seraient clairement attribuées dans le cadre d’une négociation avec l’État.

Langue : des promesses… mais pas une politique

Les promesses faites en faveur de la langue corse viennent après une longue période noire pour nos langues, période pas encore terminée. Le démontage de la loi Molac en 2021 avec la complicité de membres du gouvernement et l’intervention du Conseil Constitutionnel en est une triste illustration.

Le Conseil Constitutionnel sort, chaque fois qu’il le peut, la matraque de l’article 2 afin d’assommer toute volonté d’avancer dans le domaine des langues dites « régionales ».
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Ainsi le président de la République s’est bien gardé d’évoquer la reconnaissance officielle de la langue corse, pas plus que celle des autres langues de France. Il est opposé à ce que l’on appelle la co-officiliaté ; il l’a dit il y a quelques mois. Pourtant la France ne pourrait que sortir grandie si elle assumait son histoire, celles de peuples contraints d’abandonner leur identité, leur culture et leur langue.

Nous attendons avec intérêt la suite de ce discours et les décisions concrètes qui seront prises. Si une réforme constitutionnelle a lieu, nous pensons que l’occasion de généraliser le principe de l’autonomie doit être saisie, notamment pour les régions occitanes ( c’est à dire des Alpes aux Pyrénées, de Nice à Bordeaux) dans la perspective d’autonomies à l’occitane.