Le dernier Conseil Municipal a
acté l’implantation de
plusieurs nouvelles caméras de vidéosurveillance
disséminées dans la ville.
Les caméras sont un dispositif coûteux : pas
seulement lors de leur
installation (plus de 100 000 €), mais surtout à
l’entretien. Outre le
dépannage immédiat de tout le réseau
en cas de problème, il faut aussi former
et rémunérer des agents pour surveiller les
écrans, assurer le lien avec la
Police Municipale, etc.
Aussi, très récemment, en 2011, la Cour des
Comptes a dressé un bilan plus que
critique du dispositif. L’analyse est
intéressante, car elle s’appuie sur une
étude empirique et statistique basée sur des
villes utilisant la
vidéosurveillance depuis de nombreuses années,
avec le recul suffisant pour
établir un bilan objectif. Il en ressort un fort
coût en dépenses de
fonctionnement, mais aussi en dépenses
d’investissement, des difficultés à
obtenir des évaluations fiables du système
(l’impact apparaît clairement
contradictoire sur le taux d’élucidation des
délits : aucune donnée n’est en
mesure de démontrer l’effet dissuasif de
l’implantation des caméras ! Aucune
étude d’impact crédible et pertinente
n’a été menée
jusqu’alors…).
Nul ne peut affirmer aujourd’hui que les caméras
participent à la réduction des
crimes et délits. En revanche, il est
démontré que leur effet repoussoir
déplace
géographiquement les problèmes.
La décision du Conseil Municipal pose un autre
problème, celui du choix des
lieux d’implantation des nouvelles caméras. La
plupart seront situées sur des
espaces de détente des jeunes : citons la Roseraie, la
Fobio, un collège... Des
mineurs pourront donc être suivis dans leur vie quotidienne,
sur l’espace
public, de leur descente du bus à
l’entrée du collège ou du
lycée et dans tous
les moments passés hors des murs de leur
établissement. Qu'en sera-t-il du
respect de leur vie privée dans ces moments de
relâchement, où chaque
comportement jugé déviant ou inhabituel pourrait
être interprété ? Les parents
ne devraient-ils pas s’indigner de l’enregistrement
vidéo de leurs enfants dès
leur plus jeune âge ? Rappelons qu’une
caméra, en zoomant, parvient sans aucune
difficulté à lire l’heure sur la montre
d’un poignet...
Il serait plus opportun de renforcer les rondes de la Police Municipale
sur des
espaces comme la Roseraie ou la Fobio. Les jeunes, pour qui le respect
de
l’autorité publique passe par
l’incarnation physique de celle-ci, pourraient
ainsi approcher les garants de la sécurité
publique et évoluer entre eux malgré
leur potentielle présence.
Il ne s'agit pas d'une position de principe, mais bien d'une conception
différente
des actions de prévention et de protection.