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La promotion d’une langue interrégionale : l’occitan et les pouvoirs publics

27 novembre 2002

Mercredi 27 novembre 2002, journée organisée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DGLFLF) en collaboration avec le CIRDOC, sous la présidence de M. Bernard Cerquiglini, Délégué Général à la langue française et aux langues de France.
Contribution de la Convention Occitane
Coordonnateur : Gérard TAUTIL

“La Convention Occitane réunie à Béziers le 16 novembre 2002 a débattu de la situation de la langue et de la culture occitanes dans le cadre des questions de société rencontrées depuis de nombreuses années, et plus particulièrement dans le cadre du projet de décentralisation et du nouveau rôle que pourrait y jouer les régions occitanes. Considérant que la reconnaissance juridique de la Région sera inscrite dans la Constitution de la République, elle prend acte de cette éventuelle avancée et énonce dans l’immédiat un certain nombre de propositions.

1. Un constat

Le droit à l’ expérimentation sur toutes les questions de société en région, liée à des transferts de compétences, et notamment sur la politique linguistique et culturelle dans le domaine occitan, nous semble une avancée conséquente. On ne sait si cette idée ira à son terme dans le cadre de la décentralisation, bien qu’elle ait été proposée en Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Limousin. Cette volonté interrégionale doit être un signe fort pour aller dans le sens d’une globalisation de la question aux autres régions (Auvergne et Provence) et permettre aux responsables de nos Régions d’obtenir les moyens nécessaires à cette politique.

Cependant, notre Convention est consciente que les blocages antérieurs sur la question linguistique (Refus de ratifier la « Charte européennes des langues et cultures régionales et minoritaires », utilisation de l’article 2 initialement présenté comme une sauvegarde du français face à l’anglicisation du marché et ses répercussions dans le domaine culturel en général, mais appliqué au domaine des langues régionales) ont toujours de lourdes conséquences sur la socialisation de la langue et, donc, sur sa reconnaissance en dignité à côté de la langue française, langue officielle.

2. Des propositions

Il y a urgence de situation. Cela suppose une initiative immédiate : faire en sorte que les Régions proposent des objectifs immédiatement réalisables. Nous avons débattu de quatre propositions qui ne sont ni exclusives ni contradictoires, pouvant être l’objet de mise en route, par étapes successives, voire concomitantes.

A) La création d’un Conseil Culturel Interrégional Occitan, dans le domaine de la langue et de la culture occitanes. Dans le cadre de la décentralisation, cette collectivité à statut spécial intégrera l’ensemble des Régions occitanes : l’Aquitaine (moins la partie basque des Pyrénées Atlantiques), l’Auvergne, le Languedoc (moins la Catalogne-Nord), le Limousin, Midi-Pyrénées, La Provence, les départements de l’Ardèche et de la Drôme, la partie occitane du département de la Charente.
Cette collectivité à finalité culturelle peut être réalisée dans l’état actuel des découpages régionaux et adaptée aux territoires dont l’occitanité culturelle est patente. La question de ses moyens budgétaires doit être étudiée en liaison avec la définition même de ses compétences.
La création d’un Syndicat Mixte, regroupant l’ensemble des collectivités territoriales (communes, départements, régions, Etablissements publics) serait la préfiguration- de cet organisme dont nous avons tous besoin, le Conseil Culturel Interrégional Occitan. Le Code des collectivités territoriales permet une telle construction. Des élus dans nos régions seraient prêts à prendre cette initiative, et donc, il est ici question avant tout d’une volonté politique de la part des responsables de Région de prendre en charge un tel projet et de se concerter.

B) Socialisation de la langue et de la culture d’Oc. Recherche de moyens concrets de désaliénation et de conscientisation en direction de l’ensemble des habitants d’Occitanie par une mesure simple, immédiate : mettre à la disposition de tous une brochure scientifiquement correcte, abordable dans sa rédaction, attrayante par sa présentation, sur la langue, la culture et l’histoire occitanes. Les Régions actuelles pourront également réaliser cette initiative en direction des territoires où d’autres langues sont pratiquées (Catalogne-Nord, Pays Basque).

C) Médias télévisés :création d’une chaîne régionale. Décentraliser France3, chaîne déconcentrée, en chaîne régionale. Lui faire jouer pleinement son rôle de service public régionalisé, c’est aussi alimenter les autres chaînes de l’actualité occitane. C’est surtout réaliser une politique linguistique différente de celle des fenestrons octroyés en région. Pour cela il faut des moyens budgétaires conséquents et mettre en place, avec les professionnels de l’audiovisuel, les moyens d’une formation professionnelle digne de ce nom.

Ces propositions minimum ne sont pas exclusives d’autres. Mais déjà, par la prise en considération de la situation extrêmement dégradée de la langue et de la culture occitanes, ces propositions pourraient trouver ici, par la mise en évidence des besoins et des moyens, un début de réponse.”

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