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Déclaration de B. Cerquiglini (DGLFLF)

27 novembre 2002

Bernard CERQUIGLINI
Président de la Délégation Générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF)
Assises Interrégionales occitanes de Béziers, 27 novembre 2002 au CIRDOC

Déclaration finale :
“Je remercie les organisateurs, les participants de cette journée vraiment importante. Nous avons discuté au fond, tous ensemble, je crois que nous sommes d’accord. D’accord pour agir, pour avancer, c’est la deuxième étape que j’attendais, maintenant il faut marcher. Après cette journée, je vous donne mon sentiment, très simplement. Ni langue de bois, nous aimons toutes les langue, sauf les ligneuses, et sans arrière pensée, qu’on arrête les arrières pensées. Je n’en ai qu’une : servir notre pays et faire la meilleure politique linguistique fondée sur des savoirs et non sur des représentations. Et ce, depuis de nombreuses années, concerne autant la réforme de l’orthographe(...) que les langues régionales aujourd’hui.

Après cette journée, nous avons une double obligation. D’abord de réussite, on ne peut pas revenir en arrière ; et cette obligation, ce soir, nous allons nous la donner, de façon très simple : il y aura, en juin ou au plus tard début septembre, parce que c’est très lourd à organiser, les Assises Nationales des Langues de France. Ce jour-là nous allons annoncer les structures conçues aujourd’hui. Elles seront sans doute ouvertes par le Premier ministre. Il faut donc du concret et ce concret sera pour l’Occitan ce que nous avons préfiguré aujourd’hui. Donc obligation de résultat, on y va.

Deuxième obligation : innover, être imaginatif. En ce qui nous concerne, en projet, il faut choisir la meilleure structure et se débarrasser peut-être des vieilles idées ou de routines. Je vais être très clair : nous sommes venus ici , Michel (Alassio) et nos amis des DRAC, notamment Claude (Grés, DRAC Lang-Rous.), sans idées préconçues. A écouter la journée, je crois qu’il faut distinguer deux types de structures qui renvoient à deux missions différentes. Je suis médiéviste, j’utiliserai donc l’opposition classique au Moyen Age(...), consilium et auxilium. D’un côté il nous faut le consilium, c’est-à-dire le conseil et ça nous savons le faire : un Conseil de la langue occitane. Ce n’est pas la peine de dire « interrégional », car Robert Lafont a raison, il sera européen. Il faut donc que nous bâtissions assez vite un Conseil de la langue occitane où siégeront toutes les sensibilités française, italienne, espagnole, tout le monde sera représenté. Ce sera le Conseil de la langue occitane ou de la langue d’Oc. Ce sera un lieu de conseil dans les domaines de l’aménagement linguistique et de la culture (toponymie, graphie, terminologie, lexique, industrie de la langue, expertise aussi pour les décideurs) ; nous prendrons appui sur ce qui existe pour donner plus d’ampleur, un côté international ou européen. Il faut que les décideurs Etat-Région aient un lieu d’expertise, un lieu de science et de savoir.(...)

Maintenant, pour l’auxilium, à mon avis, il faut innover, innover énormément, car nous ne savons pas faire. Fort heureusement, nous sommes obligés dans une deuxième période de décentralisation culturelle, avec la volonté du Premier ministre, d’obtenir des résultats, de faire du neuf. Selon deux idées que nous apportent aujourd’hui deux notions : la notion de subsidiarité. Qu’en est-il de la subsidiarité pour l’Occitan ? A vous écouter aujourd’hui, je dirai curieusement, elle est moins haute qu’on croit, moins basse qu’on croit. Cela ne relève pas de l’Etat, ni d’une région ou d’un département particulier, mais de l’interrégionalité. Donc réponse à la question de la subsidiarité : c’est l’interrégional. On peut dire au Premier ministre : « l’Occitan, nous y avons bien réfléchi, c’est quelque chose d’intermédiaire entre l’Etat et la Région ; c’est six régions et ça c’est neuf, on n’a jamais fait ça en France, on n’a jamais fait travailler six régions sur une question. Et deuxième, l’expérimentation. Autre idée chère au Premier ministre. Il faut expérimenter, créer un chose nouvelle dans le cadre de la décentralisation, et en particulier culturelle ». Pour répondre au Premier ministre : « Voilà, il faut que pour l’aide - c’est l’auxilium, c’est-à-dire le financement - et là, ça ne concerne pas les associations-, ça concerne les décideurs, les régions, les départements occitanophones qui ne sont pas dans une région et aussi les grandes villes. Il faut mettre au point une structure de coordination et non pas de Conseil cette fois-ci -, de coordination politique de décideurs qui mette en jeu un certain nombre de régions, de départements, de grandes villes ; trouver un moyen d’obtenir une structure de coordination avec des financements, un budget. Comment faire que les régions délèguent leur budget à une instance ? C’est pas évident. Les départements, c’est un autre ordre, les régions aussi, avec un budget, un financement ; et de dire à cette coordination : “Votre rôle c’est, ayant pris avis du Conseil, de financer des pôles d’excellence. Là aussi il faut faire neuf, on ne va pas construire une usine à gaz interrégionale, mais quelque chose de très souple : l’édition ce sera Toulouse-et je reprends ce que vous avez dit sur les besoins, c’est très juste, : la formation, le livre, l’audiovisuel, la numérisation, eh bien, cette structure de coordination aura pour but, ayant pris l’avis du Conseil, de dire : tous ensemble, nous décidons, nous finançons l’édition en Occitan en finançant un pôle d’excellence, mettons à Toulouse, la langue ailleurs, la numérisation, et ainsi de suite.”

Je crois que c’est ça qu’il faut obtenir, mais je n’ai pas les réponses ce soir. Les réponses doivent être totalement neuves ! Totalement neuves, c’est une coordination interrégionale, départementale et urbaine de cofinancements de projets structurants, avec l’expertise assurée par le Conseil. Et là aussi, nous avons moins d’un an pour monter ça ; le Premier Ministre est pressé, il veut de bonnes expérimentations dans le cadre de la décentralisation au nom de la subsidiarité. Et l’Occitan ça répond pile-poil à la question. Là c’est à la Délégation de proposer mais avec vous. Nous allons proposer d’une part le Conseil (ça c’est assez simple parce qu’il y a des structures en place qu’il s’agit de développer, et puis cette chose toute nouvelle qui est la coordination à un niveau politique inouï dans la France républicaine, c’est-à-dire quelque chose qui soit six régions, quelques départements, des grandes villes ; il faut les faire travailler ensemble. Nous avons un an pour réussir, nous réussirons et d’ailleurs nous commençons dès demain matin.

Voilà, si vous êtes d’accord avec ce projet, nous y allons, merci.”

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