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Convencion occitana - Devant la globalisation

16 novembre 2002

Le même processus qui a conduit les États, dans la construction européenne, à abandonner ce qui avait fait leur substance, le Marché national, jusqu’à l’abandon de la monnaie nationale, tout en conservant jalousement l’appareil extérieur de leur souveraineté, s’observe dans le phénomène de la globalisation. Le récent alignement de toutes les économies nationales sur le système néo-libéral,
régulé mondialement par le cours du dollar, n’a pas mis en question non plus la souveraineté. C’est ce paradoxe qui est à la base des graves dysfonctionnements qui mettent en péril aujourd’hui jusqu’à l’avenir de l’espèce humaine.
Observons bien que le seul type de gouvernance, précisément mondiale, que l’après-guerre a mis en place et auquel aucun État n’échappe, a été l’ONU, club des États qui additionne leurs souverainetés et en principe les sauvegarde toutes dans l’arbitraire des découpages territoriaux intouchables (pensons au Koweit). L’ONU, par son Conseil de Sécurité est en outre un club des puissances victorieuses de 1945, peu modifié dans sa composition. Il ajoute au gel des identités étatiques le gel des hégémonies.

Il y a une différence avec l’Europe. Celle-ci soumet le vidage de contenu de l’autorité étatique à la Banque centrale. La globalisation, parce qu’elle a l’échelle du monde et parce que l’ONU pose en principe l’inviolabilité des souverainetés membres, est "sans plafond".

L’ONU est une instauration de l’ingouvernabilité de la Planète. Elle en est en quelque sorte garante.

Les trois conséquences de cette situation sans issue visible pour l’instant sont bien connues :

1 - L’économie mondiale se projette dans les économies zonales, nationales, régionales, etc. selon les lois et les accidents du Marché mondial sans y rencontrer d’obstacle. Se créent ainsi des conglomérats capitalistes que rien ne peut interdire de développement. Les lois anti-trusts que les USA avaient établies pour essayer de contrôler à un certain niveau de gravité leur concurrence, apparaissent aujourd’hui ridiculement "provinciales". L’économie du monde a pour maîtres des sociétés dont assez souvent le budget est supérieur à celui d’États de moyenne dimension. Et rien ne peut faire qu’il en soit autrement. Nous avançons en ce moment même vers le plan limite du système, qui serait l’affrontement secouant la Planète de deux ou trois sociétés globalisées. En conséquence, le politique comme résistance, aménagement, protection des sociétés, est sans prise sur son objet, il est totalement inféodé. L’effet désastreux bien connu est que rien n’empêche l’enrichissement des zones riches et l’appauvrissement des pauvres. La globalisation fabrique l’inégalité et la soumlisssion des Tiers et Quart Monde au G8.

2 - Dans cette réorganisation en mouvement constant des pouvoirs planétaires réels, rien n’interdit à des conglomérats qui ont pour secteur préférentiel d’intervention des activités criminelles (trafic d’armes, trafics biologiques, mise en esclavage des individus, trafics de drogue) de se constituer et de pénétrer comme des bras de pieuvres le tissu capitaliste mondial. La globalisation fabrique les mafias internationales, le blanchiment d’"argent sale" étant hors de toute atteinte, indissociable du simple mouvement des capitaux. Les USA ont fait l’expérience avec les attentats du onze septembre que le terrorisme qui vise à leur destruction a déjà pris place dans le système capitaliste qui, chez eux comme ailleurs, commande à la société et dont ils sont de plus les officiels défenseurs. La globalisation fabrique l’invulnérabilité du crime organisé et lui ouvre son champ. La lutte antiterroriste aussitôt proclamée n’est qu’une chasse aux retombées "perverses" concrètes d’un système qui est celui du chasseur lui-même.

3 - La régulation de l’économie par le profit à un niveau mondial s’est accompagnée de la mise en exploitation en accroissement continu des ressources non renouvelables de la Planète, dont l’eau et l’air. Au principe de renouvellement saisonnier ou plus large qui depuis des dizaines de millénaires présidait à l’implantation des civilisations dans leur environnement, a été substituée la course à l’épuisement. En effet retour est apparu un danger que l’humanité n’avait jamais connu, de destruction dérivée. Ainsi la mise en exploitation des ressources pétrolières, qui va sans frein à l’épuisement de celles-ci, menace, avant cet épuisement, la biosphère même (déchirement de la couche d’ozone, réchauffement de l’atmosphère, fonte des glaciers). La globalisation comporte le suicide à moyen terme de l’humanité. L’alerte et le projet de protection sont sans aucune chance d’aboutir. On voit bien les USA résister, au nom du profit capitaliste mondial, à la politique de sauvetage des biens communs de l’humanité, et se faire les acteurs prtincipaux du suicide collectif. Ils résistent à ce qui arrive à se faire un passage, comme à Kyôto, dans l’impuissance congénitale des États.

La conclusion de ce tableau est qu’il serait vain de compter sur les États pour arrêter les nuisances de la globalisation : c’est un espoir sans contenu.

La seule issue est faite de trois éléments :

1 - La construction d’une force sociale mondiale anti-étatique capable de mettre en question la phase actuelle d’organisation du monde. C’est en ce sens, qui est la gouvernance du monde par les hommes, les sociétés, les peuples, qu’est apparue la globalisation démocratique anti-globalisation de Seatle, qui n’est, à connaître l’histoire, que le rebond du Larzac.

2 - La prise en considération de tous les efforts tentés depuis cinquante ans pour mondialiser les droits de l’homme, et esquisser une police à son service. Tous ces efforts ne pouvaient que passer par le filtre étatique omni-pertinent et y perdre leur efficacité. Qui peut penser qu’un tribunal constitué de représentants des États prendra en charge le jugement et le châtiment de chefs d’États criminels, sur un plan non de conflits interétatiques, mais de droit indiscutable ? Il faut donc commencer à concevoir la prise de direction de tout l’appareil existant ou créer un organisme de défense de la Terre et de l’homme : instaurer une gouvernance civique.

3 - Compte tenu de l’incapacité constitutionnelle des États à combattre le capitalisme qui les possède du dedans, c’est à d’autres niveaux que doit se placer la défense des sociétés concrètes. Cette défense ne peut être passive, mais on pourrait instituer un contrôle par interventions sur le mouvement capitaliste lui-même (la taxe Tobin est une indication, mais trop peu positive). Imaginons des niveaux de décisive nouveauté. C’est là que nous plaçons la région d’échelle mondiale ( Occitano-Catalogne et Méditerranée Occidentale par exemple ) ou l’Euronation qui, plus qu’un découpage territorial, devra être un noeud relationnel et un poste d’intervention.

Tout cela est utopique. Mais l’humanité en est là en 2002 : l’utopie ou la mort. Tel est le lieu d’intervention d’une occitanité active. La Convention Occitane doit avoir l’ambition d’en entreprendre la définition.

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