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n°174 : Cal cambiar de decennia ?

Vilanòva de Magalona sere pas en Occitania ?

 Noel Ségura, maire de Villeneuve-lès-Maguelone, petite commune du Languedoc, ne pensait pas attirer tant de médias en implantant simplement un panneau en occitan à son entrée de ville. Trois éléments étaient indispensables pour faire monter la mayonnaise : la plainte d’un militant dévoué à l’uniformité de l’État français, la ferveur de la population occitane locale et enfin la position du tribunal administratif.

 Pour le premier élément, nul besoin de forcer le trait pour caricaturer les objectifs du Mouvement Républicain de Salut Public dont le sous-titre indique : « La République française est jacobine », tout un programme ! Pour les seconds, il est toujours plaisant d’entendre la réaction de nombreux habitants, attachés à leurs nouveaux panneaux comme faisant partie de leur propre identité.

 L’élément le plus préoccupant est celui du tribunal administratif. Comment est-il possible d’écrire « qu’il n’est toutefois pas sérieusement contesté par la commune de Villeneuve-lès-Maguelone que la traduction en langue occitane choisie en l’espèce, est dépourvue de fondement historique ; que la commune n’établit, ni même n’invoque l’existence d’un usage local suffisamment ancien et constant de la toponymie employée » sans être attaqué pour négation du fait occitan ?

 Est-il légitime qu’un tribunal, au 21ème siècle, se pose la question de savoir si l’occitan a été parlé ou non dans une commune occitane ? Quid du droit culturel, de la reconnaissance des faits historiques, de la liberté d’écrire dans sa langue ?

Las responsas de diferents nivèus politics

 Les réponses politiques se sont fait savoir à différents niveaux. Tout d’abord, le maire de la commune refuse de retirer les panneaux et a fait appel à la décision. Les régions Languedoc et Midi-Pyrénées, par l’intermédiaire de leurs délégués à l’occitan, Marcel Matèu et Guilhèm Latrubesse, ont soutenu l’action du maire et demandé une évolution du cadre législatif.

 Deux députés européens, Catherine Grèze et François Alfonsi étaient présents à la manifestation de soutien et ont interpellé la commission européenne.

 Un groupe de sénateurs, mené par Roland Courteau, a dégainé en premier pour proposer une évolution législative ciblée sur la signalisation routière.

 Enfin, ce sont les députés qui sont les plus attendus pour revisiter plus largement la question des langues minorisées dans l’État français. Deux propositions de loi, l’une menée par Armand Jung, président de l’inter-groupe sur les langues régionales à l’Assemblée nationale, et l’autre par Marc Le Fur, député de la majorité, sont maintenant sur la table des parlementaires.

 L’enjeu est important : faire gagner symboliquement la diversité linguistique et culturelle face à l’uniformité de l’État français, mais aussi déposer la première pierre d’une politique linguistique reconnue pour chaque langue minorisée. Mais l’issue est pour l’instant plus qu’incertaine.

Shens poder occitan, pas de lenga occitana

 La vraie révolution ne risque cependant pas d’être une nouvelle loi pour l’occitan sur le territoire français, comme a pu le connaître l’occitan du Val d’Aran sur le territoire catalan. Au-delà de la loi, c’est le pouvoir de mettre en œuvre cette loi qui est nécessaire.

 Ce pouvoir requiert au moins, deux aspects : les compétences administratives et les finances associées. En regardant de plus près l’orientation de la réforme territoriale, il est aisé de comprendre que les régions occitanes n’auront ni les moyens politiques, une fois « cantonalisées » à outrance, ni les moyens financiers, une fois les ressources bloquées et gelées.

 Pour s’en sortir, ne resterait-il plus que l’approche révolutionnaire de reprise en main du politique par le peuple occitan ?

 Ce qui est sûr, c’est qu’il nous faut changer de décennie, reconquérir la démocratie locale face à l’autocratie de l’État, recréer le lien social, rouge et jaune, de nos régions.

Guilhèm Latruvèrsa

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