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La Vaur 1211-2011: spectacle historique ou révisionnisme ?

28 June 2011

"La Dame du puits de Lavaur", spectacle "historique", a privé le public de s’approprier un épisode tragique de la civilisation occitane - qui eût le malheur d’être trop en avance au Moyen Age - avec la personnalité emblématique de Dòna Guirauda, femme, seigneur de La Vaur qui portait les valeurs de Paratge, Onor, Convivéncia e donc, tolérance et humanité. La Cité de La Vaur était ouverte aux catholiques, aux cathares et aux juifs. Ce sera sa perte.

Dòna Guirauda est aussi le symbole de la résistance du peuple occitan aux croisés francs de Montfort, à la croisade pour l’annexion, à une Eglise prête à tous les massacres pour éradiquer ces hérétiques plus pauvres que les pauvres mais qui ébranlaient pourtant son omnipotence.

Hélas, le spectacle ne montre que des habitants accablés, un diacre cathare pitoyable qui délire, invective et crache, des chevaliers occitans qui se chamaillent, une Guiraude froide, sans humanité, maléfique, ensorcelant un Montfort qu’elle a rendu amoureux d’elle. Elle se refuse. Il la condamne à périr. Elle est précipité dans un puits qu’on comble de pierre. Puits qui communique avec Brocéliande. Une vouivre (un serpent) en sort !

On croit rêver ou plutôt cauchemarder !

Pendant le spectacle, on exorcise les condamnés, on brandit même le goupillon vers les spectateurs. On sait jamais, 800 ans après … !

Tant qu’à faire, le Jacquemart est cité. Il a frappé trois coups, lui qui ne sera installé que 4 siècles plus tard !

L’histoire est revisitée, falsifiée. La Croisade est la bonne colonisation. Dòna Guirauda, ses chevaliers, son peuple, les hérétiques, tous sont maléfiques, malfaisants et méritent la mort brutale. Le puits est le charnier. Dòna Guirauda en est la Dame. Titre désolant et choquant.

Non, Mr Bernard Carayon, député-maire de La Vaur, "initiateur et concepteur de ce projet" (sic), on ne "communie pas avec ferveur dans un même mythe fondateur" (resic), ni notre terre occitane n’est pas la "terre bénie qui accepte de périr pour mieux renaître" (reresic) comme il est dit dans le dépliant des Médiévales.

Non, Mr Bernard Carayon, le peuple occitan n’a pas besoin de mythe. Il a son histoire, sa langue, sa culture. Elles ne sont jamais mortes. Elles n’ont donc pas besoin de renaître.

Un sondage très récent montre que 80 % des Tarnais pensent que les pouvoirs publics doivent prendre des initiatives en faveur de la langue et de la culture occitanes.

Dans "La Dame du puits de Lavaur", pas un mot d’occitan, hormis la brève introduction et la très belle voix a capella en clôture et à la toute fin, avec le public, le "Se Canta", notre hymne, le seul qui parle d’amour.

Un tout petit exemple: dans le spectacle, des enfants jouent et crient un "ouais !" pas particulièrement d’époque. Il était aisé de leur faire crier "òc !" ("oui" en occitan et qui se prononce "o"). Il était tout aussi aisé de multiplier la présence de l’occitan le long de ce spectacle.

Voilà, l’occasion était belle mais vous l’avez manquée.

Danièl Rifà, pòrta-paraula del comitat d’Albigés del Partit Occitan

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