
Dépêche
AFP | Langues régionales: "La
charte, oui, mais pas que la charte"
Les
défenseurs de l'occitan se sont réjouis, samedi,
du projet de la France de
ratifier, "enfin", la Charte européenne des langues
régionales, mais ont
réclamé une loi pour protéger les
langues en danger dans un pays qu'ils disent
"linguicide".
"Nous
nous félicitons de cette initiative que nous demandons
depuis des années.
Cependant nous disons +la charte, oui, mais pas que la charte+", a
réagi
David Grosclaude, élu de la région Aquitaine
chargé des langues régionales et
président du Parti occitan, joint par l'AFP. "Depuis
longtemps, nous
demandons une loi cadre qui donnera un statut à ces langues"
en danger de
disparition.
"Il
est
grand temps d'arrêter de penser que si on
développe les langues, on risque de
casser l'unité nationale. Ce sont des passerelles. Parler
breton, occitan ou
catalan (en plus du français), cela fait des bilingues et
les bilingues font
des trilingues, les trilingues font des quadrilingues, etc.", a
plaidé M.
Grosclaude, depuis Bordeaux.
Selon
son
estimation, plus d'un million de personnes parlent l'occitan dans 32
départements du Sud de la France.
Le
Premier
ministre, Jean-Marc Ayrault, s'est engagé vendredi
à hâter le processus
législatif en vue de la ratification par la France de la
Charte européenne des
langues régionales ou minoritaires.
Le
président
de la Confédération des Calandretas
(écoles laïques d'enseignement en occitan),
Jean-Louis Blénet, s'est réjoui que M. Ayrault
ait dit alors "quelques
mots en breton". "Ce n'est pas honteux, même le
général de Gaulle
l'avait fait!", a relevé M. Blénet, à
Béziers (Hérault).
Pour
lui,
"la France est +linguicide+ sans discontinuer depuis 1539 (quand le roi
François 1er imposa la primauté et
l'exclusivité du français, ndlr), à
part une
petite éclaircie au tout début de la
Révolution, on y a appliqué une logique
d'Empire pour qu'il n'y ait qu'une langue dans tout le pays".
La
ratification de la charte européenne s'annonce "enfin,
enfin!", a
réagi le militant occitaniste Yves Durand, joint
à Saint-Affrique (Aveyron).
"Mais il faudra qu'elle soit suivie d'une loi".
Depuis
1988,
la Constitution française stipule dans son article 75.1 que
les langues
régionales appartiennent au patrimoine de la France mais
"cela a eu très
peu d'effets. Il faut établir des protections, comme pour
les patrimoines
matériels", a fait valoir M. Durand, membre d'une
association Oc-bi, pour
la défense de l'enseignement bilingue
français-occitan dans le public.