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Déserts médicaux : élus « déconnectés » ou médecins « individualistes » ?

Si vous n’avez pas trouvé de médecin traitant dans votre commune, que vous avez des difficultés à obtenir une consultation, que vous avez de la route à faire dans ce but ou alors que vous êtes renvoyé(e) vers les urgences les plus proches… Vous devez vous trouver dans un désert médical comme on en trouve dans 87% du territoire français. Autre chiffre alarmant : 6 millions de citoyens ne disposent pas d’un médecin traitant.

Les lois visent à redéployer les médecins vers des zones où les besoins ne sont pas couverts, par l’incitation ou la coercition mais les syndicats de généralistes veillent au grain. Pas question pour eux de renoncer à la liberté d’installation.

Le 25 avril, François Bayrou s’est donc empressé de faire le choix du respect de la liberté d’installation. En contrepartie, ils demande aux médecins (généralistes ou spécialistes) d’exercer un à deux jours par semaine dans des territoires prioritaires identifiés par les Agences Régionales de Santé (ARS). Exit la proposition de loi transpartisane déposée par le député socialiste Guillaume Garot début avril. Une disposition du texte obligeait les médecins à recevoir une autorisation des ARS pour ouvrir un cabinet.

Les élus considèrent les médecins comme garants d’une continuité du servici public en milieu démédicalisé mais ces derniers rappellent qu’ils font partie des professions « libérales »… et pas de la fonction publique. D’un côté, les élus dénoncent un corps de métier « individualiste » et de l’autre, les professionnels de santé considèrent les élus comme « déconnectés ». Pourtant, alors que les uns et les autres ne parviennent pas à s’entendre sur la façon de faire face à la pénurie de médecins… Les patients ne sont pas égaux en matière d’accès aux soins.

À nouveau, malgré l’accélération de la production de textes en lien avec la santé, les capacités de réaction et d’adaptation des pouvoirs éxécutif et législatif restent insuffisantes. En 2022, des élus du département du Lot-et-Garonne (tous échelons confondus) ont rappelé aux candidats à la présidentielle et aux législatives qu’était venu « le temps des solutions courageuses ».

À nouveau, ce sont les collectivités de tout échelon qui ont dû se mobiliser mais, comme elles l’ont rappelé elles-mêmes, ces actions sont limitées dans le temps et ne peuvent venir qu’en complément de l’accion de l’État ou de l’Assurance-maladie. Parfois, la manque de coordination de ces collectivités a engendré une compétition mortifère entre territoires pour faire venir un ou plusieurs professionels de santé. Pourtant, dans d’autres départements comme l’Aveyron, les collectivités ont mené une action coordonnée de création de structures de santé doublée de mesures globales de soutien aux professionnels.

Nous posons alors la question : si des solutions sont identifiées pour accélérer le processus de décision au niveau local, pourquoi attendre ? Un(e) patient(e) qui souffre d’affections chroniques ou de longue durée voire même  d’une simple grippe a autre chose à faire que d’attendre qu’on lui touche les écrouelles. En s’appuyant sur l’exemple aveyronnais, la Cour régionale des comptes de la Région Occitanie a défini le département comme échelon le plus pertinent pour coordonner ces actions. Il souligne « diagnostic précis, au niveau du département, suivis de la définition, au niveau des départements, de projets territoriaux d’organisation des soins de premier recours identifiant les solutions sur-mesure à apporter à chaque bassin de vie ». N’attendons plus.

Partit Occitan le 28/04/2025