Le président de la République annonce des mesures largement insuffisantes pour lutter contre le changement climatique. Les piliers sont la voiture électrique, le nucléaire et des projets décidés à Paris pour les territoires
La présentation de la planification écologique par le président de la République a été un bel exercice de recyclage d’annonces et de promesses déjà faites. L’enrobage lexical était aussi bien étudié. L’expression « écologie à la française » n’est pas innocente. Marteler le mot « souveraineté » sur un sujet tel que la lutte contre le changement climatique n’est pas neutre. Les vents et les nuages passent les frontières sans autorisation, nous le savons bien. Il ne s’agissait là que de flatter un électorat matraqué par un parti prônant la fermeture des frontières comme étant la solution à tous les maux.
Deux piliers apparaissent aussi dans ce plan : la voiture et le nucléaire. Ajoutons-y, face aux incertitudes, une croyance sans borne dans « l’innovation technologique » qui réglera tout.
Annoncer la sortie du charbon qui ne représente quasiment plus rien dans les émissions de gaz carbonique en France est presque risible. Évoquer la souveraineté en expliquant que l’on va faire l’inventaire des ressources minières (lithium, cobalt…) du territoire français, relève de la communication.
Remettre sur la table les fameux RER métropolitains (un modèle parisien que l’on veut appliquer à toutes les villes ?) alors que l’annonce a déjà été faite il y a des mois, montre que ce plan est une compilation de choses déjà dites et redites. Ne pas remettre en cause les grands aménagements routiers et les dépenses pharaoniques des LGV est une contradiction majeure.
Parler de la voiture électrique comme d’une solution miracle est un mirage auquel on veut nous faire croire. Ce n’est ni possible ni souhaitable mais E.Macron confessait dans son interview télévisée : « on est attaché à la bagnole, on aime la bagnole et moi je l’adore ». C’est son droit certes, mais laisser croire que tout sera comme avant en passant du pétrole à l’électricité, n’est pas raisonnable. Le monde rural, par exemple, a besoin d’autres solutions que la voiture. Il faut innover en ce domaine, proposer de nouvelles solutions.
Quant au pilier nucléaire il est déjà fort coûteux en l’état et le financement de nouveaux réacteurs n’est pas une bonne nouvelle écologique, pas plus qu’économique.
Une fois de plus le pouvoir central décide des objectifs qu’il « expliquera aux territoires ». Il parle de « budgets verts » de « vraies libertés d’action » pour les collectivités territoriales mais ajoute : « des objectifs clairs et des responsabilités partagées ». En réalité les collectivités appliqueront les choix de l’État.
Ce sera peut-être une « écologie nationale » et une « écologie territorialisée » comme le dit le président de la République mais sur un modèle centralisé. L’État central fera appliquer ses décisions et les fera payer par des collectivités déjà en manque d’autonomie politique et budgétaire. Pourquoi parler de liberté donnée aux collectivités quand on sait que l’État réduit toujours plus leur autonomie financière ?
Pourquoi menacer préventivement les mauvais élèves1 ? Dire que le rôle des communes, départements et régions sera capital et en même temps leur dire qu’on les accompagnera « en ingénierie pour que les bonnes réponses soient apportées sur le terrain » c’est supposer que face à la crise écologique, les collectivités ne connaissent pas le terrain. C’est affirmer que le pouvoir central est le seul à pouvoir agir. Donc il tiendra la main des collectivités afin qu’elles appliquent son plan. Ce modèle de décision centralisée prouve qu’il reste beaucoup à faire pour allier lutte contre le changement climatique et démocratie.
- Selon E. Macron une écologie territorialisée c’est : « des objectifs nationaux partagés au niveau des territoires et déclinés avec au fond, des objectifs qui son intangibles et une liberté donnée sur les moyens et le chemin à atteindre ; des indicateurs et des responsabilités clairement établis afin que l’on puisse distinguer ceux qui sont engagés et ont des résultats de ceux qui décident de ne pas jouer le jeu ». (Extrait de l’intervention à l’Elysée le 25 septembre) ↩︎