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Pour le droit de vivre en occitan, modifions la constitution !

A Toulouse, un rassemblement est prévu le 1er juin à 11h devant la mairie puis à 11h30 devant la préfecture.

Pourquoi ces rassemblements ?

En mai 2021, était votée la loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion dite « Loi Molac » que le Conseil constitutionnel censurait partiellement dans la foulée. 

Depuis, une interprétation restrictive de l’article 2 de la Constitution (qui indique notamment que la langue de la République est le français) continue à être systématiquement opposée à chaque avancée possible pour nos langues, et les problèmes se multiplient.

– La situation des Fañch, Iñaki, Aña, Artús n’est toujours pas éclaircie et la liberté de choisir le prénom de son enfant avec un signe dit « diacritique » est systématiquement remise en question.

– Les collectivités publiques souhaitant développer l’usage de nos langues dans leurs institutions ont été systématiquement attaquées et leurs délibérations annulées au Conseil d’État ou au tribunal administratif (Polynésie française, Communes catalanes d’Elne, Port-Vendres, Amélie-les-Bains et Tarerach, Collectivité territoriale de Corse, reconnaissance de coofficialité du Créole en Martinique)

La situation se dégrade dans l’enseignement avec :

– l’ « oubli » des langues régionales lors des réformes du collège, réformes du lycée, « choc des savoirs » et maintenant lors de la réforme annoncée de la formation des enseignants ;

leur disparition pour les épreuves DNL (Disciplines Non Linguistiques) du baccalauréat et seule la lutte a permis le maintien de la présentation en langues régionales des sujets des épreuves du brevet pour cette année ;

la non-application de la généralisation de l’enseignement des langues régionales à tous les élèves d’un territoire qui le souhaite, inscrite dans la loi en 2021, car aucun moyen supplémentaire permettant d’atteindre cet objectif n’a été engagé par le Ministère de l’Éducation Nationale ;

les alertes de la chambre régionale des comptes de Bretagne pointant l’insécurité juridique de la circulaire de l’Éducation Nationale de 2021 (censée protéger l’enseignement par immersion, suite à la censure du Conseil constitutionnel) avec sa possible remise en question à tout moment par un nouveau gouvernement,

le blocage de  la contractualisation de Scola Corsa et le non-renouvellement des conventions avec Seaska ou Diwan.

Nos langues ne peuvent vivre dans cette précarité. Elles ont besoin que ce qui a été construit jusqu’à présent ne puisse pas être remis en cause. Elles ont besoin que les projets d’avenir soient consolidés. Elles ont besoin d’une sécurité juridique qui nécessite dès à présent une modification de la Constitution. 

C’est pourquoi le collectif Pour que vivent nos langues appelle à des rassemblements au Pays Basque, en Bretagne, Corse, Alsace, Catalogne, dans l’espace occitan et les différents territoires concernés, le samedi 1ᵉʳ juin 2024 pour demander une modification de la constitution maintenant !  Pour que nos langues vivent et que nous puissions vivre dans nos langues !

Promotion des langues et littératures régionales dans les médias publics et à l’Education nationale

La campagne pour les élections européennes est une occasion de s’inspirer d’exemples nationaux de promotion

Ainsi, fruit de mobilisations historiques, les Cortés ont officialisé en 2023 l’utilisation de quatre langues présentes en Espagne : le basque, le catalan, le galicien et l’occitan. Dans le même sens, demande a été faite par le gouvernement Sanchez aux instances de l’Union européenne, mais elle a été bloquée par différents gouvernements dont le gouvernement français.

Dans la même période, a été inaugurée la Cité du français et de la francophonie à Villers-Cotterêts.  Cet événement, controversé, entérine une énième fois le statut du français comme « langue unique » du pays. Ne faudrait-il pas, pour compenser, la création d’une Cité des langues de France dans une capitale régionale ?  

Nous demandons une application plus inclusive de la loi sur leur promotion dans les médias publics, télévisuels et radiophoniques. Un quota devrait être attribué quant à la diffusion des  chansons et musiques. Un précédent à saluer, dans le cadre de la  semaine des langues régionales sur France 3, est l’émission à l’initiative d’Anne Etchegoyen et d’autres artistes, « CANTA KANAN à l’Alhambra »

Cette émission est à renouveler régulièrement, àl’instar de ce qui se fait déjà avec le festival interceltique de Lorient. Aux chants des régions historiques, devraient être ajoutés ceux de territoires ultramarins, ceux qui sont interprétés en créole notamment.

Nous soutenons, de la même manière, la pétition massivement signée en faveur de l’enseignement des littératures régionales (dont font partie les œuvres des troubadours, de Frédéric Mistral…). Il est temps que les institutions prennent la température de l’opinion publique : celle-ci est en faveur d’une programmation plurielle et inclusive de la culture nationale. A l’image d’un environnement européen, largement fédéral ou plus décentralisé, et de sa devise « L’unité dans la diversité ».

                 Partit occitan (POC)- Unitat catalana  membres de Régions et peuples solidaires (R&PS)

QUI empêche l’ouverture de classes bilingues français-occitan ? 

Après La Passem qui a mobilisé des milliers de personnes, l’Education nationale semble vouloir
entraver la création d’écoles bilingues.

Dans une lettre adressée au président de l’Office Public de la Langue Occitane ainsi qu’au différents présidents de collectivité et aux syndicats enseignants des stagiaires de la formation ENSENHAR s’interrogent sur l’utilité de leur formation. 

Ces enseignants, volontaires, se forment à l’occitan toute l’année à raison de 24 h par semaine afin de pouvoir enseigner en occitan dans des écoles bilingues, des collèges ou des lycées. 

Cette formation financée à la fois par l’OPLO et l’Education nationale, doit déboucher sur un poste en occitan ou d’occitan. Mais encore faudrait-il que l’Éducation Nationale joue le jeu et crée des postes. 

Pourtant la demande existe et chaque fois que des classes sont ouvertes les enfants sont là, nombreux. 

Dans leur lettre les stagiaires en formation dénoncent, autre autres, le fait que certains blocages pour la création d’écoles bilingues viennent, non pas de l’absence de demande, mais de l’opposition de certains enseignants en poste dans les écoles, dérangés par l’arrivée du bilinguisme français-occitan. 

Les enseignants qui sont en formation en Béarn et qui viennent des Landes, des Hautes-Pyrénes et des Pyrénées Atlantiques disent dans leur lettre : 

« Vous êtes sans aucun doute informé qu’il y avait quatre projets de création de classes bilingues pour la rentrée prochaine dans le 64 (Anglet, Arudy, Lembeye et Billère), aucune n’ouvrira. Pour trois de ces projets (Anglet, Arudy, Lembeye), Òc-Bi n’a pas pu assurer l’information aux familles pour prendre la mesure de la demande sociale. L’institution a demandé à Òc-Bi d’abandonner ce travail d’enquête.

Neuf personnes ont été formées parce que la demande d’enseignement en occitan de la part des familles est en augmentation constante. A chaque ouverture de classe bilingue, les familles répondent présentes. Nous constatons qu’au moins deux personnes – sinon plus – formées toute l’année n’enseigneront ni l’occitan ni en occitan l’année prochaine. Nous ne comprenons pas à quoi sert de dépenser l’argent public pour former des personnes sans utiliser leurs nouvelles compétences.

Nous déplorons aussi l’inertie et l’opposition qui existe parfois dans l’institution : nous regrettons que, dans certains établissements, l’Education nationale laisse se développer, au sein des équipes pédagogiques, une attitude de refus vis-à-vis du bilinguisme français-occitan qui va ainsi à l’encontre de décisions officielles.

Les compétences sont là. La demande y est aussi. Néanmoins, il n’y a pas de volonté véritable de développement ni de perspective d’avenir. La convention entre l’OPLO et l’Education nationale, plus la législation et le Code de l’Education rendent nos demandes légitimes. Nous tirons cette légitimité de la demande des familles et de l’intérêt des enfants…».

Il ne reste plus qu’à attendre la réponse de l’Office Public de la Langue Occitane ainsi que des présidents des départements et de la Région Nouvelle-Aquitaine.