À l’Assemblée nationale, le 28 avril, s’est déroulé un débat sur la politique énergétique de France pour la période 2025-2030.
Un débat sans vote sur une question fondamentale et stratégique comme l’énergie, c’est bien la marque d’un bloc présidentiel aux abois. Mais une majorité claire s’est dégagée en faveur de l’électricité d’origine nucléaire. Ils étaient peu celles et ceux qui ne faisaient pas du plan Messmer (qui a instauré le tout-nucléaire en 1974) l’alpha et l’omega de la politique énergétique française.
Dans son discours d’ouverture, François Bayrou a clairement indiqué que cette source d’énergie remplit toutes les conditions : abondante, souveraine, compétitive et décarbonnée.
Les deux premiers points, souveraineté et abondance, sont plus de l’ordre de la posture que de la réalité. Les stocks dont nous disposons ne suffisent pas à tenir en attendant les réacteurs de générations ultérieures… Même en allant puiser dans les stocks d’uranium appauvri. L’uranium naturel importé chez nous vient d’abord du Niger et du Kazakhstan. Ces deux États sont classés respectivement 141e et 120e sur 167 dans le classement par indice de démocratie (2023).
Sur les deux derniers points, à l’heure actuelle, en comparant les tarifs pratiquées sur le Continent et en mesurant les émissions de CO2… Ces deux critères peuvent presque donner satisfaction.
L’énergie nucléaire émet autant de CO2 que les énergies éoliennes terrestre et marine. Problème(s) : la mise en service d’une centrale prend trop de temps et son approvisionnement en eau la rend vulnérable au changement climatique (stress hydrique en été, tempêtes en hiver) ou encore aux tensions géopolitiques (ex. : la guerre en Ukraine et la centrale de Zaporijia).
Le tarif français du kWh est inférieur de sept centimes à la moyenne européenne. Mais un jour ou l’autre les vieux réacteurs doivent être démantelés. Pour cela la Cour des Comptes a estimé qu’il faudrait débloquer 46,4 miliards d’euros sur quasiment un siècle (2020). Et nous ne parlons même pas ici des surcoûts engendrés par les retards des travaux de réacteurs EPR2 qui seront répercutés sur les factures des usagers d’une façon ou d’une autre. Adieu, la compétitivité.
Cet argent ne sera pas investi dans d’autres mesures permettant de diminuer nos émissions comme la rénovation des logements, des infrastructures ferroviaires et cyclables ou encore la recherche et de le développement dans le domaine des énergies renouvelables. Des énergies qui sont elles véritablement abondantes, décarbonnées et souveraines. Des énergies qui peuvent aussi être compétitives si ont y met un peu de bonne volonté. Mais bon, ce n’était pas prévu dans le plan Messmer.
Partit occitan, lo 5 de mai de 2025.